Les ventes de jeu vidéo stagnent et ce n'est pas parce que l'amateur de jeu vidéo boude. S'il délaisse sa console, c'est surtout parce qu'il joue davantage sur son ordinateur en ligne, sur Facebook et sur son téléphone portable.

> Suivez Vincent Brousseau-Pouliot sur Twitter

Aux États-Unis, les ventes de jeux vidéo ont été stables à 15,5 milliards US en 2010, selon des estimations préliminaires du NPD Group rendues publiques la semaine dernière. Il s'agit d'une variation située entre 0% et une baisse de 1% par rapport aux ventes de 2009.

Les ventes de jeux vidéo en magasin - qui se jouent sur une console ou un ordinateur - ont quant à elles chuté de 5% en un an, passant de 10,6 à 10,1 milliards US. Pour combler le déclin des ventes en magasin, les jeux en ligne ont vu leurs ventes augmenter de 10%, passant d'environ 4,9 à 5,4 milliards US. Une petite révolution qui change complètement les rapports de force dans l'industrie. Dorénavant, les PME n'ont pas nécessairement besoin des grands éditeurs comme Ubisoft et Electronic Arts afin de distribuer leurs jeux. «Les modèles d'affaires se sont diversifiés», dit Cédric Orvoine, porte-parole d'Ubisoft Montréal.

«Avant, les gros éditeurs de jeux comme Ubisoft et Electronic Arts étaient des incontournables pour distribuer les jeux. Dans un contexte où il y a des alternatives (XBox Live, Facebook, App Store), ce n'est plus le cas», ajoute Alexandre Thabet, président de Ludia, un studio montréalais qui adapte des émissions télévisées comme The Price is Right et Who Wants To Be A Millionaire en jeux vidéo.

En deux ans, Ludia, qui distribue à la fois ses jeux en ligne et en magasin, a vu la portion de ses ventes en ligne passer de 20% à plus de 50% de son chiffre d'affaires. Une tendance rentable. «Sur l'App Store, Apple garde 30% et le développeur 70%, dit Alexandre Thabet. Sur un jeu distribué en magasin, le développeur garde moins que ça.»

Les grands éditeurs de jeux vidéo veulent aussi prendre le virage du jeu en ligne. En novembre dernier, le géant Ubisoft a acquis une PME montréalaise spécialisée dans le jeu en ligne, Quazal Technologies. «Nous avons beaucoup d'intérêt pour les jeux en ligne, Facebook et les nouvelles plateformes de jeux», dit Cédric Orvoine, d'Ubisoft.

Le studio montréalais de Warner Brothers Games, inauguré l'an dernier, produira exclusivement des jeux en ligne. «Le marché de la console est encore très intéressant, mais le jeu en ligne est en train de se faire une niche. Ça nous conforte dans nos choix d'affaires», dit Martin Carrier, directeur du studio montréalais de Warner Brothers Games.

Toujours premiers

Malgré une baisse marquée des ventes en 2010, les jeux vidéo pour consoles vendus en magasin représentent encore près du double du chiffre d'affaires des jeux en ligne. «C'est vrai que les jeux en magasin se vendent moins, mais il y a aussi moins de jeux sur le marché, dit Cédric Orvoine. Les jeux qui sont dans le top 10 des ventes se vendent toujours aussi bien, et c'est notre objectif de produire des jeux dans le top 10.»

En 2010, Ubisoft a justement vu deux de ses jeux intégrer le top 10 des ventes aux États-Unis: Just Dance 2 (7e rang) et Assassin's Creed Brotherhood (9e rang). Le dernier jeu a été conçu en grande partie à Montréal.

En baisse de 13% en 2010, les ventes de consoles risquent de rebondir cette année avec le succès commercial de la Kinect, déjà vendue à huit millions d'unités en novembre et décembre, alors que Microsoft prévoyait en écouler cinq millions. «La console ne disparaîtra pas, dit Stéphane D'Astous, directeur du studio d'Eidos à Montréal. Le jeu en ligne et le jeu sur consoles sont des vases communicants. Ce qui se gagne d'un côté va se perdre de l'autre.»

----------------

EN CHIFFRES

15,5 milliards US

Ventes de jeux vidéo aux États-Unis en 2010

10,6 milliards US

Ventes de billets de cinéma aux États-Unis en 2010

-5%

Déclin des ventes de jeux en magasin depuis un an

-13%

Déclin des ventes des consoles depuis un an

+10%

Hausse des ventes de jeux en ligne depuis un an

Sources: NPD Group. BoxOfficeMojo.com

--------------------

Les jeux vidéo plus «gros» que le box-office

Importante, l'industrie du jeu vidéo? Les Américains dépensent davantage pour des jeux vidéo que pour des billets de cinéma. En 2010, les ventes de jeux vidéo ont généré des revenus de 15,5 milliards US, contre 10,6 milliards pour les entrées au cinéma selon le site BoxOfficeMojo.com.