La construction de logements n'a rebondi que très faiblement aux États-Unis en 2010, après quatre années de chute, et les chiffres officiels publiés mercredi témoignent de l'ampleur des difficultés qui restent à surmonter avant un retour à la normale.

Selon le département du Commerce, les mises en chantier de logements n'ont progressé que de 6,1% en 2010, après avoir chuté de 38,8% en 2009.

Signe de la faiblesse de la construction, il n'y a eu que 587 400 départs de chantiers de logements en 2010, contre plus de deux millions en 2005, au plus fort de la bulle immobilière ayant entraîné les États-Unis et le monde dans la crise.

Pour décembre, l'indicateur du ministère a rechuté de 4,3% par rapport au mois précédent. L'intensité de la rechute de décembre pourrait avoir été liée au mauvais temps ayant frappé le Nord-Est et le Centre du pays, note Alistair Bentley, analyste au groupe de services financiers TD Financial.

«Quoi qu'il en soit, ajoute-t-il, les départs de chantiers restent près de leur plus bas niveau historique (...), les chiffres de ce mois reflètent le fait que la reprise de la construction de logements est insignifiante et en dents de scie».

Les permis de construire accordés, qui donnent une idée des perspectives des constructeurs, n'ont augmenté que de 2,6% sur l'ensemble de l'année, selon les chiffres officiels.

En décembre, ils ont bondi de 16,7%, mais cette forte hausse pourrait être liée à des changements dans la législation de certains États à la date du 1er janvier ayant poussé les constructeurs à anticiper leurs demandes.

Plusieurs analystes estiment que la tendance reste à une amélioration lente de la construction de logements, malgré la rechute des départs de chantiers de décembre.

«Les mises en chantier devraient augmenter graduellement en 2011 et 2012», estime ainsi Theresa Chen, de Barclays Capital.

La principale entrave au redressement de la construction reste le nombre très élevé des saisies immobilières. Celles-ci ont atteint un nouveau record en 2010, dépassant le million de logements, selon le cabinet spécialisé RealtyTrac.

Cela signifie que le marché du logement a été inondé par autant d'habitations vendues à des prix bradés par les organismes créanciers, ce qui incite les Américains à acheter un logement ancien plutôt que de sacrifier à la coutume largement répandue de faire construire sa maison.

La banque centrale (Fed) ne prévoit pas de baisse des saisies avant 2012, et chez les constructeurs de maisons individuelles, l'ambiance est maussade.

L'enquête mensuelle réalisée par leur organisation professionnelle (NAHB) et la banque Wells Fargo a montré mardi que leur moral restait bas et ne montrait aucun signe d'amélioration depuis trois mois.

«Le secteur du logement reste sur la touche, les consommateurs et les constructeurs attendant de recevoir des indications claires et précises d'un renouveau véritable sur le front de l'emploi et de l'économie», note l'étude.

La situation de l'emploi, du pouvoir d'achat, des saisies immobilières, de la croissance économique et du marché du logement formant autant de rouages d'un même mécanisme, tout semble concourir à ce que le cercle vertueux de la reprise fonctionne au ralenti.

Le président de la Fed, Ben Bernanke, l'a rappelé récemment en indiquant que l'amélioration attendue de la croissance en 2011 ne devrait pas être suffisante pour faire baisser véritablement le taux de chômage (9,4% fin décembre), qui reste proche de son plus haut niveau en une génération.