Le nouveau retrait du grand patron d'Apple (AAPL), Steve Jobs, pour des raisons de santé inquiète les analystes et investisseurs qui s'étaient intéressés à la relance phénoménale de l'entreprise ces dernières années.

Ce matin, Steve Jobs a profité du Martin Luther King Day et du congé boursier à New York pour annoncer par courriel aux employés de l'entreprise qu'il retournait en arrêt maladie afin de se concentrer sur sa santé.

«À ma demande, le conseil d'administration m'a accordé un congé de maladie pour que je puisse me concentrer sur ma santé. Je demeure à mon poste de PDG et je participerai aux décisions stratégiques qui concernent l'entreprise», peut-on lire dans un communiqué signé simplement «Steve».

> Sophie Cousineau: Apple peut-il survivre à Jobs ?



«C'est une surprise, rien ne laissait présager ce type de problème», a déclaré Alexander Peterc, analyste chez Exane BNP Paribas à Londres. «L'absence de détails plus précis sur la durée du congé laisse entendre qu'il pourrait s'agir d'une situation à long terme», estime M. Peterc.

Analyste du site financier 247wallst.com, Douglas McIntyre, note que normalement, un PDG qui part en congé est remplacé. «Jobs est considéré pratiquement comme le seul architecte du succès phénoménal d'Apple» depuis le lancement du baladeur numérique iPod à l'automne 2001, indique-t-il, rappelant que le patron d'Apple passe pour «contrôler dans les moindres détails la création et le marketing des principaux produits du groupe».

M. McIntyre, note que le retrait de M. Jobs survient alors que l'iPhone commence à être concurrencé par un certain nombre de téléphones fonctionnant avec le système d'exploitation Android conçu par Google.

Interrogé par l'AFP, l'analyste indépendant Rob Enderle, estime cependant qu'avec le temps, chaque fois que M. Jobs part, «la probabilité qu'il ne revienne pas est de plus en plus grande». Si M. Jobs se met en congé, c'est que l'heure est «grave», estime M. Enderle. «Il a l'air d'avoir 70 ans», ajoute-t-il, émettant l'hypothèse que sa greffe du foie n'aie pas «pas marché».

De son côté, le site d'analyse financière thestreet.com rappelle que le patron d'Apple a «fait l'objet de critiques virulentes pour ne pas s'être montré plus ouvert sur sa santé».

Du fait de l'emprise de M. Jobs sur le groupe, «il est primordial que les actionnaires soient davantage au courant de ses problèmes de santé», ajoute le site.

Le porte-parole d'Apple Steve Dowling a d'ailleurs refusé de commenter au-delà de la déclaration de Steve Jobs.

Le grand patron d'Apple espère toutefois que cette absence sera de courte durée. «J'aime beaucoup Apple et j'espère être de retour le rapidement possible», conclut M. Jobs.

Le titre d'Apple malmené à Francfort

Quinquagénaire, M. Jobs avait déjà pris un congé maladie de janvier à juin 2009, pendant lequel il avait subi une greffe du foie. L'annonce de son départ en congé maladie avait alors fait chuter l'action Apple à la Bourse de New York.

Hasard ou pas, cette nouvelle annonce tombe alors que les marchés sont fermés aux États-Unis lundi, pour la Journée de Martin Luther King, honorant la mémoire du champion de la lutte pour les droits civiques des Noirs américains.

Néanmoins, le titre d'Apple a reculé de 6,57% à la Bourse de Francfort pour terminer à 318,65 dollars US. Le titre d'Apple avait terminé la semaine dernière à 348,48 $ US à New York.

Tim Cook à la rescousse

C'est Tim Cook qui sera responsable des opérations courantes de l'entreprise. «J'ai grandement confiance que Tim et le reste de l'équipe de direction feront un excellent travail en concrétisant les plans que nous avons mis en place pour 2011», poursuit Steve Jobs.

Tim Cook avait pris les rênes d'Apple entre janvier et juin 2009, pendant que Steve Jobs combattait le cancer du pancréas. Il avait aussi occupé ce poste pendant deux mois en 2004 alors que son patron se remettait d'une chirurgie.

M. Cook s'est joint à la société de Cupertino en 1998.

> Connaissez-vous Tim Cook?

Le communiqué de Steve Jobs

Avec AFP et Bloomberg.