Une enquête des autorités boursières américaines sur un investissement spectaculaire de la banque Goldman Sachs dans Facebook pourrait pousser le géant des réseaux communautaires en ligne à s'introduire en Bourse plus vite que prévu, selon les analystes.

Les médias américains affirment cette semaine que la banque d'investissement Goldman Sachs a injecté 450 millions de dollars dans Facebook et que la firme d'investissement russe Digital Sky Technologies y avait mis 50 millions de dollars.

D'après la presse financière de jeudi, la banque d'affaires américaine, qui revend des parts dans Facebook à ses propres clients, a reçu des demandes de plusieurs milliards de dollars pour les titres du réseau communautaire et a cessé jeudi de solliciter de nouveaux clients, limitant son offre à 1,5 milliard de dollars.

À l'annonce de cet investissement, l'autorité boursière américaine (SEC) a aussitôt déclenché un examen des règles de transparence et de publication obligatoire d'informations par les sociétés non cotées, affirmait le Wall Street Journal mercredi.

L'investissement de Goldman Sachs dans Facebook a en effet mis en lumière la réticence de certaines entreprises à s'introduire sur le marché boursier, où elles sont soumises à des règles bien plus strictes que les entreprises non cotées.

«Les entreprises font tout ce qu'elle peuvent pour éviter d'entrer en Bourse. Facebook en est le principal exemple», a indiqué James Angel, un professeur à l'Université de Georgetown, à Washington.

«Aux États-Unis, nous avons rendu beaucoup plus difficile le fait de devenir une entreprise cotée. Nous avons rendu cela plus cher, les risques légaux et l'environnement de courtage ont également changé», a-t-il ajouté.

Le fondateur et patron de Facebook, Mark Zuckerberg, 26 ans, qui a récemment reçu le titre de «Personne de l'année» du magazine américain Time, a jusqu'à présent résisté à la pression pour introduire en Bourse une part de son entreprise.

La transaction avec Goldman Sachs valorise Facebook à quelque 50 milliards de dollars, plus que des entreprises phares américaines comme Boeing, Time Warner et Yahoo!.

La transaction a révélé en même temps la capacité des entreprises à trouver des liquidités hors de la sphère du marché boursier.

«Le principal attrait d'être coté en Bourse est d'avoir plus facilement un marché de cotation pour vos actions, mais s'il y a un marché parallèle qui fournit autant de liquidités, alors les entreprises n'ont plus intérêt à être cotées», remarque Adam Pritchard, professeur à l'Université de Droit du Michigan.

M. Pritchard avertit toutefois que l'enquête de la SEC pourrait se traduire par des «mesures pour forcer Facebook à s'enregistrer comme entreprise cotée».

L'investissement de Goldman Sachs soulève des questions fondamentales sur l'équité et la sécurité de telles transactions pour les investisseurs.

Certains peuvent se demander pourquoi «seuls les amis de Goldman ont la possibilité d'investir dans Facebook», remarque M. Angel.

Les parts d'entreprises dans Facebook pourraient aussi créer un marché parallèle échappant à la surveillance des régulateurs et exposant les investisseurs à des risques potentiels accrus en raison du manque de transparence.

Le site à forte croissance compte plus de 500 millions d'utilisateurs actifs par mois dans le monde.

D'après le New York Times de jeudi, qui cite des sources informées des résultats financiers du groupe internet, Facebook aurait dégagé un bénéfice de 400 millions de dollars en 2010 pour un chiffre d'affaires d'environ deux milliards de dollars.