Un immeuble historique désaffecté de la rue Sherbrooke devrait bientôt se transformer en un vaste «accélérateur» pour entreprises du web. Une société à but non lucratif, la Fondation OSMO, souhaite rafraîchir la Maison Notman. Et elle vient d'obtenir l'appui de la Ville de Montréal, qui versera près d'un demi-million à son projet.

La Fondation OSMO rassemble des investisseurs et des dirigeants du secteur des technologies et des médias montréalais. Son projet pourrait entraîner la création d'une centaine de nouvelles entreprises, de 500 emplois et générer des investissements de plus de 20 millions en cinq ans, selon des documents remis aux élus.

Le plan consiste à établir dans un même bâtiment des sociétés naissantes de la technologie web et mobile, ainsi que des investisseurs spécialisés dans le capital de risque. La stratégie permet aux petits entrepreneurs d'échanger des connaissances pour mieux développer leur produit, tout en tissant des liens avec des créanciers potentiels.

Le parrain du projet, John Stokes, est le cofondateur de Montréal Start Up, une firme d'investissement spécialisée dans le capital de risque. Selon lui, les jeunes entreprises du web et des technologies mobiles ont deux particularités: elles échangent des idées entre elles, et elles lancent des projets avec des investissements relativement petits.

«Dans un environnement où il ne coûte pas cher de tester des idées, une entreprise doit constamment accélérer le développement de son produit, explique John Stokes. Elle peut ainsi mesurer sa capacité de soutenir la concurrence, tout en incorporant les idées d'autres entreprises qui travaillent sur des projets semblables.»

Plusieurs entreprises qui séjourneront dans la Maison Notman risquent de ne jamais réussir à éclore, convient l'entrepreneur. En revanche, il suffit qu'une ou deux d'entre elles connaissent le succès pour entraîner la création de dizaines, voire de centaines d'emplois. Il cite en exemple le succès du site de vente de vêtements Beyond the Rack, créé à Montréal, qui compte désormais 2,5 millions de membres et emploie plus de 200 personnes.

«Ça accélère le processus d'éclosion des idées et ça accélère le succès ou l'échec d'un concept», souligne M. Stokes.

La Fondation OSMO planche sur le projet de 7 millions depuis la fin 2009. Elle a déposé une offre d'achat sur l'immeuble historique, bâti en 1844, qui est abandonné depuis des années. La transaction lui permettra aussi d'acquérir l'ancien hôpital St. Margarets, situé juste derrière l'immeuble.

Une fois les travaux terminés, la Maison Notman comprendra des espaces de travail ouverts et des lieux de rencontre afin de promouvoir les échanges d'idées et les rencontres avec des investisseurs potentiels. On y trouvera aussi un café qui sera ouvert au public.

Des concepts semblables ont été mis sur pied en Californie, où le Plug and Play Tech Center rassemble 200 entreprises en démarrage. À Waterloo, en Ontario, on vient d'investir 26 millions pour lancer Communitech.

Les gens d'affaires qui sont actifs dans le secteur technologique de Montréal accueillent le projet de la Maison Notman avec enthousiasme.

«Ça nous permettra de nous nourrir entre nous et de nous soutenir, souligne Chris Arsenault, président de iNovia Capital, un gestionnaire de fonds de capital de risque. C'est vraiment une question de synergie. Le fait d'avoir un endroit-emblème fait par des entrepreneurs, pour des entrepreneurs, c'est extrêmement important.»

Financement à compléter

La Ville de Montréal a confirmé son appui au projet juste avant les Fêtes. Le comité exécutif de la Ville a approuvé une contribution de 462 000$. Des investisseurs privés allongeront pour leur part 2,5 millions. La Fondation OSMO souhaite aussi des subventions de 4 millions des gouvernements du Québec et du Canada, mais cette enveloppe n'a pas été confirmée.

La grappe des technologies de l'information emploie 120 000 personnes à Montréal, souligne le responsable du développement économique au comité exécutif, Richard Deschamps. Selon lui, la Maison Notman permettra de stimuler cette industrie, tout en valorisant un immeuble patrimonial.

«On sait qu'on a beaucoup de jeunes talentueux à Montréal, a-t-il indiqué. On rejoint deux éléments importants.»