Si l'économie américaine paraît vouloir avancer au grand galop, au petit trot s'en va la canadienne à travers les coteaux.

En octobre, le PIB réel par industrie a avancé de 0,16% seulement, après le repli de 0,1% de septembre. Statistique Canada arrondit les données à la première décimale de sorte qu'elle indique un gain de 0,2%.

Après un début d'année fringant, la croissance manifeste des signes d'essoufflement depuis le printemps. D'octobre à octobre, elle a progressé de 3,3%, mais ce beau rythme ne doit pas faire oublier que l'avancée annualisée du troisième trimestre n a été que de 1%, contre 2,6% au sud de la frontière. «Depuis avril, la croissance est inférieure à 0,1%, mois sur mois», observe Francis Fong, économiste chez TD.

Tant les secteurs des biens que des services ont gagné 0,2%. Du côté des biens cependant, seule l'exploitation minière, pétrolière et gazière a progressé, avec un joli bond de 2,4%. «N'eût été sa contribution, la croissance mensuelle aurait été négative une fois de plus au Canada, calcule Matthieu Arseneau, économiste à la Banque Nationale. Après un mois écoulé au quatrième trimestre, le PIB affiche un taux de croissance annualisé de 0,7%.»

L'agriculture, la construction, les services publics et la fabrication enregistrent des replis. Dans ce dernier cas, signale l'agence, il semble que les manufacturiers aient préféré alléger leurs stocks pour soutenir l'augmentation de leurs ventes.

Il faut aussi rappeler que la raffinerie Shell de Montréal a cessé ses activités en octobre, ce qui est de mauvais augure pour le PIB du Québec qui, rappelons-le, a reculé au troisième trimestre en raison d'une chute des exportations. On en aura le coeur net le 27 janvier.

Mince consolation, signale Benoit P. Durocher, économiste principal chez Desjardins, «après plusieurs mois de baisse, la fabrication de produits aérospatiaux a augmenté de 1,6% en octobre, une situation susceptible de profiter particulièrement au Québec».

La légère avancée du secteur des biens (grâce à l'exploitation minière) ne compense pas le repli de 0,7% encaissé en septembre. «L'activité économique du secteur des biens accuse toujours un retard de 5,8% par rapport à son sommet de la mi-2008», fait remarquer Marie-Claude Guillotte, économiste à la Banque Laurentienne.

En fait, l'entrée de l'économie en phase d'expansion au troisième trimestre est attribuable au secteur des services. Ceux-ci ont continué de cheminer en octobre, malgré le repli des ventes des détaillants. Les gains dans le commerce de gros, l'entreposage, les intermédiaires financiers, les services professionnels, techniques et les soins de santé ont plus que compensé, même en tenant compte des retraites légères des loisirs ou de l'hébergement.

Cela dit, il faudrait un sérieux coup de collier en novembre et décembre pour que la croissance annualisée de l'automne atteigne 2,6%, rythme prédit par la Banque du Canada dans son scénario paru en octobre. Même la barre de 2% paraît élevée alors que les économistes s'attendent à 3% au sud de la frontière.

«Il existe trois raisons pour croire que la croissance américaine sera plus rapide que la canadienne en 2011, croit Douglas Porter, économiste en chef adjoint chez BMO Marchés des capitaux. Primo, la politique fiscale ira en sens opposé: restrictive au Canada, stimulante aux États-Unis. Secundo, la demande refoulée du consommateur américain et des acheteurs de maisons est plus grande. Tertio, la force du huard pèse lourdement sur nos exportations et attire les acheteurs canadiens dans les magasins au sud de la frontière.»