Les gens d'affaires encore actifs qui ont franchi le cap des 80 ans et qui demeurent en très bonne santé physique et mentale ont-ils une recette magique? Oui et non.

L'activité physique et intellectuelle y est pour beaucoup. Mais les traits de personnalité et le patrimoine génétique aussi, croit le Dr Daniel Tessier, gériatre et professeur à l'Université de Sherbrooke.

Les bienfaits de l'activité physique ne sont plus à démontrer. Karel Velan, 92 ans, et Jean Charton, 86 ans, en sont des preuves irréfutables. Depuis des lustres, ils font de l'exercice sur une base quotidienne.

Il fut une époque où Karel Velan faisait, dit-il, 300 pompes (push-ups) tous les matins. Son excellente forme physique explique d'ailleurs pourquoi ce nonagénaire ne conserve aucune trace si ce n'est une longue cicatrice sur la poitrine - d'une opération à coeur ouvert subie en août dernier.

Jean Charton, fondateur et président du conseil de Charton-Hobbs, le plus important importateur privé de vins et spiritueux au Canada, est lui aussi un inconditionnel de l'exercice physique. À 86 ans, cet homme svelte et visiblement en pleine forme joue au tennis deux fois par semaine.

Et depuis 50 ans, tous les matins, il met religieusement en pratique le 5BX (Five Basic Exercises), un programme d'exercice de 11 minutes développé par le Royal Canadian Air Force à la fin des années 50.

Pour le pharmacien Jean Coutu, 83 ans, tout se passe entre les deux oreilles. «Si tu te couches le soir avec la tête remplie de soucis, c'est que tu as manqué ton coup. Je me suis toujours arrangé pour bien dormir», dit celui qui a longtemps pratiqué la natation et qui, maintenant, affectionne surtout le golf.

Camille-Joseph Grenier, président du conseil de C.J. Grenier, fabricant de lingerie fine établi en 1860, semble posséder un bon bagage génétique. Sa grand-mère a vécu jusqu'à 102 ans et sa soeur aînée de 87 ans se porte plutôt bien. Âgé de 85 ans, M. Grenier, colosse de six pieds, ne fait pratiquement pas d'exercice et reconnaît être obligé de prendre «quelques pilules».

L'activité intellectuelle est un facteur marquant dans la longévité des humains, explique le gériatre Daniel Tessier. Plus tôt on la cultive, mieux on se porte. «Plus on commence tôt à avoir une activité intellectuelle, plus on va retarder l'apparition du diagnostic de démence. L'atteinte des capacités cognitives sera repoussée si on est actif intellectuellement», dit-il.

Les chefs d'entreprise qui ont une forte personnalité en sont un bon exemple. «Avoir de la drive, ça peut protéger contre la fatigue intellectuelle. La femme d'affaires Helena Rubinstein a été à la tête de son entreprise de cosmétique jusqu'à l'âge de 95 ans. À la fin de sa vie, on raconte qu'elle dirigeait tout de son lit, probablement parce qu'elle ne pouvait plus suivre physiquement. Les gens âgés ne se sentent pas vieux dans leur tête; ce sont la maladie et les problèmes physiques qui le leur rappellent», croit le Dr Tessier.