Le ralentissement de l'économie canadienne au cours des prochains trimestres retardera jusqu'en juillet 2011 une hausse du taux directeur de la Banque du Canada, selon Études économiques du Mouvement Desjardins.

C'est que la faiblesse de la demande américaine, la valeur élevée du huard et une progression rapide des importations ont favorisé une forte détérioration du solde commercial canadien au cours des derniers mois. De plus, les investissements résidentiels diminuent et les dépenses gouvernementales s'amenuisent.

Dans ces conditions, l'économie du pays devrait croître à un rythme modéré au cours des prochains trimestres. Desjardins estime que l'année 2011 pourrait se terminer par une hausse du PIB réel de 2,3 %.

Cette conclusion fait dire à Desjardins que «même si la Banque du Canada affirme que le degré de détente monétaire devra être réduit davantage, la faible croissance économique au pays fera que la poursuite des hausses de taux d'intérêt directeurs sera retardée jusqu'au mois de juillet prochain», affirme le directeur et économiste en chef adjoint de Desjardins, Yves St-Maurice.

Reprise: la facture arrive au Québec

L'étoile économique du Québec risque par ailleurs de pâlir en 2011 à cause de la diminution graduelle des investissements en infrastructures publiques, du contrôle des dépenses gouvernementales et de l'augmentation du fardeau fiscal des ménages.

Le PIB réel du Québec devrait croître de 2,3 % en 2011, soit un rythme de progression similaire à la moyenne nationale. Desjardins note cependant que le marché du travail dans la province se démarque par une récupération rapide, ce qui constitue un net avantage.

En Ontario, le ralentissement du marché immobilier, le récent plafonnement de l'industrie de l'automobile et l'impact de la valeur élevée du huard entraveront la croissance économique en 2011. Une performance légèrement sous la moyenne canadienne est donc prévue, soit à 2,2 %. Ailleurs au pays, la remontée des prix des matières premières devrait stimuler l'économie alors que de nombreux projets d'investissement sont en branle.

Marchés: le dollar au-dessus de la parité

Du côté des investisseurs, malgré une certaine incertitude, l'optimisme semble au rendez-vous pour la nouvelle année. «Après une longue inertie, certains investisseurs semblent reprendre un peu plus le goût du risque, ce qui se reflète sur les taux obligataires et les marchés boursiers», a déclaré le vice-président et économiste en chef de Desjardins, François Dupuis.

Grâce à une croissance vigoureuse des profits, particulièrement aux États-Unis, les Bourses nord-américaines possèdent toujours un bon potentiel de hausse à moyen terme, selon Desjardins. Malgré un début d'année qui s'annonce volatil, le S&P 500 devrait progresser d'environ 15 % en 2011.

La poursuite de la remontée des prix du pétrole, qui devraient atteindre 95 dollars US à la fin de 2011, favorisera le S&P/TSX, qui pourrait augmenter de 10 % pour la même année, peut-on lire dans le rapport. «La hausse progressive des prix de la plupart des matières premières aidera le dollar canadien à s'établir durablement au-dessus de la parité avec le billet vert en 2011», concluent les économistes de Desjardins.

Coup d'oeil international

Le Mouvement Desjardins estime par ailleurs que les pays émergents resteront en tête en termes de croissance économique en 2011. Les pays industrialisés doivent de leur côté régler leurs problèmes structuraux. Cela est particulièrement vrai en Europe, où les craintes associées à la situation financière de certains pays se sont accentuées.

Aux États-Unis, la situation économique reste fragile, car la remontée du marché du travail demeure très timide et elle affectera l'ardeur des consommateurs dans les trimestres à venir. La faiblesse du marché immobilier résidentiel constitue l'autre source majeure de préoccupation. Après un gain de 2,8 % en 2010, le PIB réel américain progresserait de 2,4 % en 2011 et de 2,8 % en 2012, selon Desjardins.

> Prévisions économiques et financières de Desjardins (hiver 2011)