Il y a quelques années, l'impensable s'est produit: la Société Radio-Canada a perdu les droits sur le hockey du Canadien, avec comme première conséquence la disparition de la plus ancienne et la plus célèbre de ses émissions: La soirée du hockey. De ce fait, des dizaines de milliers d'amateurs francophones non abonnés à la câblodistribution n'avaient plus accès aux matches du Canadien.

Voilà qu'à Toronto, on prête à Rogers l'intention d'acheter Maple Leafs Sports and Entertainement (MLSE) pour une somme dépassant le milliard. Rogers, c'est la téléphonie. C'est Sportsnet. Donc?

Il est logique de penser que cette transaction serait un premier pas vers des bouleversements qui dérangeraient encore plus qu'ici les habitudes d'écoute des amateurs de hockey du ROC.

Mais pas tout de suite.

L'entente qui donne à CBC l'exclusivité des matches du samedi ne prendra fin qu'après la saison 2013-2014. Elle lui garantit 23 matches des Maple Leafs de Toronto, l'exclusivité de la série finale, du match des Étoiles et de Hockey Day in Canada. CBC a fait quelques concessions secondaires à TSN dont la diffusion en rondes préliminaires d'une troisième série impliquant une formation canadienne.

CBC a payé 550 millions et tout réglé alors qu'elle profitait d'une période «fenêtre ouverte» dans les négociations. CBC détient aussi les droits d'exploitation de toutes les plates-formes, actuelles ou à venir.

Profitable? Oui, dit-on. Un profit d'environ 20 millions par saison. Le hockey représente 15% de la programmation de Radio-Canada, attire 25% de l'auditoire et génère 40% des revenus.

Si Rogers achète MLSE et les Leafs, on voudra sans doute favoriser Sportsnet plus que TSN. Or, l'entente des deux diffuseurs est plus longue encore: huit ans chacune.

Des bouleversements à prévoir? Sans doute. Mais l'intervention politique sera plus rapide si le réseau d'État était menacé de perdre sa plus vieille émission, sa vache à lait. Et ainsi priver le public des sages propos de Don Cherry. Mais il reste que pour les diffuseurs traditionnels, il est de plus en plus difficile de rivaliser avec ces machines à imprimer des billets de banque que sont les grands réseaux sportifs.