Mieux former la main-d'oeuvre en finance, encourager l'entrepreneuriat financier, promouvoir la finance d'ici à l'étranger. Les projets ambitieux ne manquent pas à la nouvelle grappe financière du Québec, baptisée Finance Montréal, dont le lancement a lieu hier à deux pas du siège social de la Caisse de dépôt et placement.

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À l'instar des autres grappes sectorielles, les participants de Finance Montréal espère qu'elle donnera du tonus à un secteur malmené par la concurrence internationale et les conséquences de la crise de 2008.

«Il s'agit d'être mieux outillé pour maintenir les acquis et saisir les occasions», selon le ministre des Finances du Québec, Raymond Bachand. Il avait lancé ce projet de grappe financière lors de son budget de mars dernier.

Depuis, le projet a rallié une vingtaine d'intervenants de premier plan. Ils étaient tous présents hier, dont les Monique Leroux (Desjardins), Michael Sabia (Caisse de dépôt), Jeffrey Orr (Financière Power) et Jacques Ménard (BMO).

«Il n'y a jamais eu autant d'argent dans une même salle au Québec», a blagué M. Bachand.

Le maire de Montréal, Gérald Tremblay, a salué l'adhésion du Tout-Québec inc. de la finance. «Sachez tous et chacun que vous êtes une force très importante de l'économie de Montréal.»

Le porte-parole des patrons financiers, Louis Vachon, président et chef de la direction de la Banque Nationale, a tenu à préciser les attentes envers Finance Montréal. D'abord, se donner trois mois pour analyser la situation et définir des priorités d'intervention. «Nous avons une industrie dont nous sommes fiers, mais nous voulons continuer de la développer, créer plus d'emplois», a-t-il indiqué.

Selon des chiffres fournis hier, les services financiers emploient 145 000 personnes au Québec et pèsent 14,5 milliards de dollars dans l'économie québécoise. C'est presque 7% de l'économie de la région de Montréal.

«Pour aller plus loin, il faut partager nos meilleures pratiques de développement de main-d'oeuvre et de marchés, a dit M. Vachon. Mieux se vendre à l'international et suggérer des idées gagnantes aux paliers gouvernementaux.»

Il souhaite aussi «mieux encourager l'entrepreneuriat en finances». «On en discute peu. Mais c'est important pour préparer une relève et préserver une grappe en santé à long terme.»

Outre la Banque Nationale, le noyau initial de Finance Montréal comprend une dizaine de sociétés d'envergure: Desjardins, les banques Laurentienne, Royale, TD et de Montréal (BMO), la Financière Power, les assureurs-vie Industrielle Alliance et Standard Life, etc. Il y a aussi des fournisseurs spécialisés tels que les firmes d'informatique CGI et HR Stratégies.

Les membres d'affaires et institutionnels contribueront chacun de 50 000 à 100 000$ par année pendant au moins deux ans à Finance Montréal. Ces fonds s'ajouteront au million (en cinq ans) promis par le ministre Bachand.

Le premier président de Finance Montréal est Jean Houde, conseiller principal de ce secteur chez Samson Bélair/Deloitte&Touche.

Par ailleurs, tel que rapporté récemment par La Presse Affaires, le fédéral demeure absent de Finance Montréal en dépit de ses importantes responsabilités sectorielles. Cette absence survient alors que le projet fédéral d'une commission unique des valeurs mobilières, auquel s'opposent le Québec et d'autres provinces, a encore émergé hier comme un sujet inconfortable parmi les financiers québécois.

C'est pourquoi il n'est pas prévu au mandat de Finance Montréal de prendre position sur de tels sujets.

«La grappe financière est un outil de concertation pour voir comment on peut être plus fort, pas un instrument de lobby politique», a souligné le ministre Bachand.