On verra aujourd'hui à quel point le commerce extérieur a entravé la croissance canadienne au troisième trimestre.





On sait déjà qu'il a créé un déficit record du compte courant de la balance des paiements, qui mesure l'ensemble des échanges du Canada avec le reste du monde. Celui-ci est passé de 13 milliards de dollars au printemps à 17,5 milliards durant l'été, un creux historique, selon Statistique Canada.



Il s'agit du huitième déficit trimestriel d'affilée. De 1999 à 2008, le Canada affichait plutôt un surplus de son compte courant, à cause de la robustesse de ses exportations.

L'écart entre les déficits des deuxième et troisième trimestres s'explique avant tout par le recul des exportations et la poussée des importations durant l'été qui a creusé de 4,3 milliards à hauteur de 6,5 milliards la balance du commerce des biens.

Le déficit du commerce des services est quant à lui resté stable à 5,6 milliards, tandis que celui du compte voyages a diminué de 230 millions.

Le déficit des revenus de placements s'est résorbé de quelque 500 millions à la faveur de meilleurs bénéfices non répartis réalisés par des investissements directs canadiens à l'étranger. Il s'élève néanmoins à 4,2 milliards, soit 400 millions de moins que le déficit sur les investissements de portefeuilles (actions, obligations). Durant le trimestre, les investisseurs étrangers ont fait le plein de titres canadiens.

En présumant d'une croissance réelle d'environ 1,5% en rythme annualisé, le déficit du compte courant équivalait à plus de 4% de la taille de l'économie, au troisième trimestre. Il s'agit d'une ampleur que le secrétaire au Trésor Timothy Geithner jugeait problématique lors du dernier sommet du G20, à Séoul.

«Avec son déficit record, le Canada se retrouve soudain parmi les pays souvent cités comme étant des dépensiers extravagants et des épargnants insuffisants, note Douglas Porter, économiste en chef adjoint chez BMO Marchés des capitaux. C'est un premier signal que le pays vit peut-être au-dessus de ses moyens.»

Mince consolation, le déficit abyssal de l'été ne se répétera pas, car les signes d'une plus grande vigueur de l'économie américaine se sont multipliés. En outre, la vigueur observée des importations canadiennes d'équipement et de machinerie ne pourra perdurer.

Cela dit, un redressement complet de la situation paraît peu probable avant longtemps. «Le déficit du Canada devrait persister quelque temps à hauteur de 2,5% à 3,0% du PIB (produit intérieur brut)», prédit Diana Petramala, économiste à la TD.

En 2007, le huard avait atteint la parité avec le billet vert en raison de chiffres fondamentalement sains: surplus du compte courant et surplus budgétaire.

Si, aujourd'hui, le déficit budgétaire reste modeste par rapport aux autres membres du G7, celui du compte courant est nettement moins reluisant.

Le huard est sans doute au-dessus de sa valeur d'équilibre.