Le deuxième fabricant de produits laitiers Yoplait, à la recherche d'un repreneur partiel, semble privilégier le géant suisse Nestlé qu'il a qualifié de «candidat idéal» pour développer la société, quelques jours après avoir rejeté l'offre du français Lactalis.

Le président du groupe français Yoplait, Lucien Fa, a expliqué dans un entretien au journal suisse Le Matin Dimanche, ses projets de développement en Inde, en Chine ou au Brésil. Il souligne son intention de rompre «avec le modèle du passé fondé sur le système de franchise, et approcher ces marchés en participant au contrôle des opérations, avec les partenaires locaux».

 

«Cela signifie de gros investissements, notamment pour la Chine et l'Inde, nos priorités», ajoute-t-il.

Dans ce contexte, Nestlé, «en termes de profil d'entreprise, est le candidat idéal. Il a l'argent, les structures, les hommes. Il est partout et partage aussi le souci de produits bons pour la santé», affirme-t-il.

Le groupe agroalimentaire suisse pourrait être, selon lui, un allié pour «réduire l'écart avec Danone», son grand concurrent.

Deuxième producteur de produits laitiers derrière Danone, Yoplait est détenu à 50% par le fonds d'investissement français PAI Partners et à 50% par la coopérative laitière Sodiaal. Entré au capital en 2002, PAI veut céder sa participation mais pas Sodiaal.

PAI et Sodiaal ont rejeté jeudi une offre d'achat de 1,4 milliard d'euros du groupe français Lactalis pour le rachat de la totalité de Yoplait, estimant qu'elle ne reflétait pas la valeur de la société et rappelant que Sodiaal voulait rester actionnaire à long terme.

Loin d'abandonner, Lactalis s'est au contraire dit prêt à négocier en continuant de jouer la carte de la fibre patriotique.

Avec Yoplait, Lactalis, qui est déjà présent dans les yaourts depuis qu'il a pris le contrôle de la marque La Laitière au groupe Nestlé, deviendrait un rival de poids pour le leader français Danone.

En lançant une offensive avant même le lancement officiel des enchères, Lactalis a voulu bénéficier du soutien du gouvernement français, inquiet de la perte continue de compétitivité de la filière laitière.

L'agroalimentaire est souvent présenté comme «stratégique» en France. En 2005, l'Etat s'était mobilisé tous azimuts pour éviter un éventuel rachat de Danone par le groupe américain de boissons Pepsico.

Outre Lactalis, une dizaine de grands groupes, dont le géant chinois Mengniu, seraient sur les rangs pour entrer au capital de Yoplait, selon le Journal du Dimanche. Ce géant des produits laitiers avait tenté de constituer en 2006 une co-entreprise avec Danone, avant d'abandonner le projet un an plus tard.

Parmi les prétendants, le journal cite des noms déjà évoqués comme le suisse Nestlé, l'américain General Mills, ou encore l'anglo-néerlandais Unilever, le mexicain Lala, les américains Pepsico et Kraft. Il évoque également le fonds d'investissement américain Kohlberg Kravis & Roberts (KKR) déjà présent en France dans Tarkett (leader mondial du revêtements pour sols), Legrand (matériel électrique) et le groupe d'annuaires PagesJaunes.

Le groupe a généré environ 3,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2010, grâce aux franchisés, notamment aux Etats-Unis, où il est le numéro un des produits laitiers frais. Présent dans 50 pays, Yoplait compte 1500 salariés, dont 1300 en France.