Super Écran aura bientôt de la concurrence, mais Quebecor devra refaire ses devoirs s'il veut lancer son réseau de films et de séries télé Ciné-TVA.

Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) a décidé hier de mettre fin au monopole de Super Écran, seule chaîne payante francophone de films et de séries télé au Canada depuis 27 ans. L'organisme estime que Super Écran, qui a généré des profits de 21 millions de dollars grâce à une marge bénéficiaire de 34% en 2009, n'a plus besoin de la protection d'un monopole réglementaire.

 

Malgré son ouverture pour un deuxième réseau de télé payante, le CRTC a rejeté la demande du Groupe TVA pour Ciné-TVA. Quebecor Media voulait forcer les studios d'Hollywood à mettre fin à leurs ententes exclusives de diffusion de films avec Super Écran, mais le CRTC a refusé cette proposition en expliquant que «(les réseaux) se verraient forcés de diffuser consécutivement les mêmes films, ce qui dupliquerait indûment la programmation offerte aux consommateurs».

Le CRTC s'est rangé derrière un autre des arguments d'Astral Media, propriétaire de Super Écran: l'arrivée de Ciné-TVA créerait une surenchère pour les droits de films qui ne profiterait qu'aux studios d'Hollywood. L'organisme réglementaire s'est dit «particulièrement inquiet» des liens corporatifs entre le Groupe TVA et Vidéotron, plus important câblodistributeur au Québec.

Pas fermé à l'idée

Même s'il a rejeté la demande de Ciné-TVA, le CRTC voit d'un oeil favorable l'arrivée d'un concurrent à Super Écran en télé payante. L'organisme ne veut pas de concurrent direct à Super Écran mais un réseau qui offrira un «service (...) complémentaire». Ce nouveau réseau devra «enrichir la diversité» du paysage télévisuel au pays. «Il existe un répertoire important de contenu de qualité qui n'est pas diffusé actuellement à Super Écran», écrit le CRTC dans sa décision.

Le Groupe TVA, qui n'a pas rappelé La Presse Affaires, pourra soumettre une nouvelle demande pour un réseau de télé payante avant la date limite du 31 mai 2011. Radio-Canada étudie aussi cette possibilité. «La décision du CRTC ouvre des possibilités, mais nous voulons l'étudier plus longuement avant de statuer sur des projets», dit Nathalie Moreau, porte-parole de Radio-Canada.

Le CRTC n'accordera pas de licence pour un deuxième réseau francophone de télé payante si aucun des projets ne répond à ses attentes.

Astral s'est réjoui de la décision du CRTC, même si elle ouvre la porte à un concurrent éventuel pour sa chaîne Super Écran. «Le CRTC reconnaît qu'il n'y aura pas plus de diversité s'il y a ouverture à la concurrence», dit son porte-parole, Pierre Boisseau.