On peut appeler ça du marketing très direct. Bell (T.BCE), qui vient d'apprendre à ses clients résidentiels qu'elle leur doit 67$, leur propose du même souffle un coupon rabais pour échanger ce remboursement contre un rabais de 100$ sur l'achat de nouveaux services.

Beau coup, convient Charles Tanguay, porte-parole de l'Union des consommateurs. «Mais ce n'est pas une raison d'acheter un service dont on n'a pas besoin», conseille-t-il à ceux qui ont reçu cet avis de Bell.

Les sociétés de téléphone doivent rembourser 310,8 millions de dollars d'ici six mois à leurs clients vivant en zones urbaines. C'est de l'argent que le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes les a forcées à mettre de côté en 2002 pour améliorer les services dans les régions plutôt que de réduire les tarifs en zones urbaines, comme Bell et TELUS voulaient le faire.

Le CRTC craignait qu'une baisse de tarifs dans les régions urbaines décourage la concurrence dans le service téléphonique local et voulait ainsi forcer les entreprises à améliorer leurs services dans les régions.

Après cinq ans et des investissements de 422 millions, il est resté 310,8 millions dans le compte, somme que les entreprises doivent rembourser à leurs clients.

Pour Bell, la somme à rembourser s'élève à 250 millions, une moyenne de 67$ par client visé. Plutôt que d'offrir simplement un remboursement, Bell a sauté sur l'occasion pour proposer à ses clients de le remplacer par un rabais de 100$ sur l'achat de nouveaux services.

«Nous sommes heureux de vous proposer une autre option», dit la lettre envoyée à la clientèle visée, accompagnée d'un coupon rabais de 100$.

Ce coupon peut être utilisé pour s'abonner à Bell Télé ou activer un téléphone portable, ce qui aurait l'effet recherché pour Bell, c'est-à-dire augmenter la facture de cette clientèle.

«Il faut espérer que les consommateurs fassent preuve de discernement», dit le porte-parole de l'Union des consommateurs. Plutôt que d'acheter des services dont on n'a pas vraiment besoin, il vaudrait mieux choisir le rabais sur sa facture actuelle, selon lui. «Si c'était moi, je prendrais le crédit de 67$», dit Charles Tanguay.

La façon de faire de Bell a été acceptée par le CRTC, qui ne voit pas d'inconvénient à ce que le remboursement soit remplacé par une promotion, à condition que l'offre promotionnelle soit d'une valeur supérieure au remboursement prévu.

TELUS, pour sa part, prévoit rembourser une somme moyenne de 82$ à ses clients des zones urbaines. Comme Bell, TELUS prévoit «bonifier cette offre à l'achat d'autres services mobiles et filaires», a indiqué sa porte-parole, Amélie Cliche.

Les entreprises ont jusqu'en mars 2010 pour verser les remboursements ou appliquer les rabais qu'elles proposent.

Les fonds mis de côté ont servi à améliorer le service dans 287 communautés rurales au Canada, dont 44 au Québec dans des localités desservies par Bell et TELUS.

Malgré cet effort, le Canada continue de traîner la patte en ce qui concerne l'accès à l'internet haute vitesse dans les régions. «Il y a encore beaucoup à faire pour assurer l'accès à ce que nous considérons comme un service essentiel», estime Charles Tanguy.