L'entreprise de construction Pomerleau et la Ville de Beloeil s'affrontent en Cour supérieure, aujourd'hui, conséquence d'un partenariat public-privé qui s'est terminé en queue de poisson. La municipalité tente de convaincre le tribunal de rejeter une poursuite de 8,9 millions que la société lui a intentée après qu'elle eut annulé une entente pour la réfection d'un aréna.

Pomerleau, dont le siège social est à Saint-Georges, en Beauce, accuse l'administration municipale d'avoir agi «de façon négligente, illégale, de mauvaise foi et contraire à ses obligations contractuelles» en annulant un contrat de 59 millions pour la construction de l'amphithéâtre.

En novembre 2008, Beloeil lance un appel d'offres pour la construction d'un centre sportif multifonctionnel et pour la réfection de l'aréna André-Saint-Laurent. C'est Pomerleau qui décroche le contrat. L'entreprise doit construire les installations, et la Ville s'engage à les louer pendant 25 ans, pour 199 714$ par mois. Le conseil municipal donne son aval au contrat en mai 2009.

Mais voilà, le projet est vivement contesté dans la Ville d'un peu plus de 20 000 habitants. Le syndicat des employés municipaux craint que des travailleurs soient mis à pied. Plusieurs citoyens jugent trop onéreuse la facture de 59 millions qui accompagne le projet. Des contestataires déposent deux plaintes au ministère des Affaires municipales.

En août 2009, le Ministère demande au maire de l'époque, Réal Jeannotte, d'organiser une consultation auprès des citoyens avant que la Ville ne s'engage plus loin dans le projet. Plus de 1000 personnes signent un registre qui demande la tenue d'un référendum.

Les élections municipales battent alors leur plein et la Ville décide de reporter le référendum. Le 1er novembre, Diane Lavoie succède à Réal Jeannotte à la mairie. Trois semaines plus tard, elle décide d'annuler le contrat avec Pomerleau plutôt que de le soumettre à un référendum.

«Nous avions mobilisé l'ensemble de nos professionnels, architectes et ingénieurs, et nous nous sommes mobilisés sur le site parce qu'il y avait un échéancier très serré», a expliqué hier Pierre-Luc Dumas, vice-président, développement infrastructures publiques chez Pomerleau.

L'entreprise dit avoir engagé 1,3 million pour lancer le projet. Et elle estime ses pertes de profits à plus de 7 millions. Elle réclame donc 8,9 millions à Beloeil.

«L'auteur de son propre malheur», rétorque la Ville

Jointe hier, la mairesse Lavoie a préféré ne pas commenter le litige. Dans la défense qu'elle fera valoir au tribunal aujourd'hui, la Ville de Beloeil estime que l'approbation du contrat par le conseil municipal n'a aucune valeur, puisqu'il n'a jamais été approuvé par le ministère des Affaires municipales. Dans ces circonstances, rien n'obligeait Pomerleau à entamer les travaux.

«En procédant comme elle l'a fait, peut-on lire dans le document, (Pomerleau) a été l'auteur de son propre malheur.»