Le grand patron de BCE défend le rachat de CTV par le conglomérat en septembre, citant une transformation radicale de l'industrie des télécoms depuis les 24 derniers mois.

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Bell Canada Entreprises s'était départi de presque toutes ses actions dans CTV en 2005, après avoir largué la plupart de ses autres filiales. Or, la subite «intégration verticale» pratiquée par ses concurrents a forcé le groupe montréalais à faire volte-face et à reprendre le contrôle du réseau de télé, a fait valoir hier George Cope.

«Il y a trois ans, personne ne croyait qu'on regarderait la télé sur des cellulaires, mais le monde a changé complètement et, si on ne s'adapte pas, on ne sera pas concurrentiels», a-t-il déclaré en marge d'une conférence organisée par la Chambre de commerce.

BCE a allongé 1,3 milliard de dollars pour mettre la main sur les 85% de CTV qu'il ne possédait pas déjà. En incluant la dette, la transaction atteint 3,2 milliards. Cette acquisition vise à fournir des contenus télévisuels qui seront ensuite offerts aux clients de Bell sur des appareils intelligents comme l'iPhone.

Pendant son allocution, George Cope a souligné la nécessité de se battre à armes égales avec ses concurrents. Il a cité l'acquisition récente du réseau Global par Shaw, celle de Sportsnet et Citytv par Rogers et le lancement du service sans fil de Vidéotron, qui permettra au câblodistributeur de diffuser les émissions de son réseau TVA sur cellulaire.

«L'intégration verticale s'est vraiment produite du jour au lendemain», a déclaré le grand patron de BCE.

Et en quoi les centaines de milliers de clients francophones de Bell bénéficieront-ils du rachat de CTV, considérant que toutes les chaînes du groupe sont anglophones à l'exception de RDS? George Cope assure que ceux-ci seront tout de même bien servis, puisque le conglomérat a des ententes de diffusion de contenus en français avec plusieurs de ses concurrents.

Bell a de plus annoncé lundi un partenariat avec Radio-Canada, qui permettra de diffuser des émissions en français sur les téléphones des clients de Bell Mobilité. Le populaire talk-show Tout le monde en parle sera notamment présenté.

George Cope a affronté plusieurs questions de journalistes au sujet de Vidéotron, qui a inauguré son nouveau réseau sans fil de 1 milliard de dollars en septembre. Le PDG a répété que Bell venait de connaître son «meilleur trimestre en 25 ans» dans le sans-fil, signe que l'entreprise retrouvait la faveur de la clientèle.

«Selon nos derniers résultats, on est clairement prêts pour la concurrence», a-t-il dit.

M. Cope s'est par ailleurs montré peu inquiet de l'arrivée des nouveaux fournisseurs à bas prix Public Mobile, Mobilicity et Wind Mobile. Selon lui, les consommateurs canadiens sont de plus en plus intéressés à avoir des portables high tech plutôt qu'un service vocal de base.

«C'est vraiment différent de ce qu'on voyait il y a quelques années, quand les gens se demandaient seulement: quel est le tarif par minute? a-t-il affirmé. Maintenant, ils sont intéressés par les messages textes, l'accès à la vidéo et la vitesse à laquelle l'appareil fonctionne.»

Le PDG de Bell Canada, qui ne parle pas français et vit à Toronto, a également dû répondre à plusieurs questions au sujet d'un déplacement du centre décisionnel de l'entreprise vers la Ville reine. Plusieurs hauts dirigeants du groupe sont établis là-bas, ce qui a soulevé de nombreuses critiques ces dernières années.

«Notre siège social ne déménagera jamais, il est à Montréal», a-t-il martelé, visiblement exaspéré par l'insistance de certains journalistes.

Il a aussi écarté les critiques quant à son unilinguisme. «J'ai essayé toute ma vie et je ne suis pas très bon (en français); je vais me concentrer à réaliser notre stratégie au bénéfice de nos actionnaires», a-t-il lancé.

Le titre du groupe a clôturé à 33,12$ hier à la Bourse de Toronto, en baisse de 0,6%.