Pour Ubisoft, la récession mondiale se terminera très exactement le 16 novembre prochain. Rien à voir avec la publication de données économiques, c'est plutôt la date du lancement d'Assassin's Creed Brotherhood, dernier opus de sa série vedette, qui pourrait remettre l'éditeur de jeux vidéo sur le chemin des profits.

«Les plus beaux jours d'Ubisoft Montréal sont devant nous», promet Yannis Mallat, PDG des studios d'Ubisoft à Montréal et à Toronto.

Les préventes du jeu, conçu en majorité par une équipe de 200 personnes à Montréal mais aussi aux studios de Québec, Singapour et Annecy en France, constituent un record pour Ubisoft. «Assassin's Creed est notre marque fleuron et l'une des cinq plus grandes marques de l'industrie du jeu vidéo, dit Yannis Mallat. Quand on est rendu à un certain volume, une certaine qualité et une certaine base de fans, il y a un degré de sérénité qui s'installe. On sait que si on met les moyens, les résultats vont venir.»

Le premier jeu de la série Assassin's Creed s'est écoulé à 9 millions d'unités depuis son lancement en 2007. Assassin's Creed II a fait encore mieux - 10 millions d'unités en un an. Le dernier opus battra-t-il le record de ventes de l'éditeur français de jeux vidéo? «L'avenir nous le dira. Ça fera au minimum le même résultat que les deux premiers jeux», dit Yannis Mallat.

Durant l'année financière 2009-2010, le groupe Ubisoft a généré une perte nette de 43,7 millions d'euros, malgré les ventes records d'Assassin's Creed II. Les profits s'étaient chiffrés à 68,9 millions d'euros l'année précédente. Ubisoft s'est donné jusqu'en avril prochain pour sortir du rouge. «On est en bonne voie d'atteindre nos objectifs, notamment grâce à Assassin, dit Yannis Mallat. C'est vrai que 2009-2010 a été une année difficile pour l'industrie, mais nous avons une certaine sérénité parce qu'on est confiant du succès d'Assassin

S'il continuera de se spécialiser dans les jeux à grand déploiement coûtant plusieurs dizaines de millions de dollars à produire (les jeux AAA), Ubisoft garde un oeil sur les nouvelles tendances de l'industrie. La semaine dernière, Ubisoft a lancé un jeu sur une nouvelle console (la Kinect de Microsoft) en plus de faire l'acquisition de Quazal Technologies, PME montréalaise qui se spécialise dans les jeux en ligne.

«Les jeux AAA sont très profitables, comme le démontre Assassin's Creed, mais pour moins d'élus, dit Yannis Mallat. D'un autre côté, il y a un effilochement d'occasions plus flexibles comme les jeux sociaux, l'iPhone et l'iPad. Notre jeu Your Shape sur Kinect est la démonstration qu'on sait être là quand il faut avec d'autres types de produits (que les jeux AAA).»

Mouvements de personnel

Il y aura un grand absent au lancement d'Assassin's Creed Brotherhood la semaine prochaine: Patrice Désilets, directeur créatif des deux premiers jeux de la série, qui a quitté Ubisoft pour le studio concurrent THQ au cours de l'automne. Son départ a été d'autant plus remarqué qu'Ubisoft sonne l'alarme depuis un an au sujet de la pénurie de main-d'oeuvre expérimentée dans le jeu vidéo à Montréal.

«Patrice est un ami personnel et on aurait aimé qu'il reste, mais nous avons une stratégie de pérennité créative, dit Yannis Mallat. Et Assassin's Creed n'est pas le fruit d'une seule personne, c'est un travail d'équipe.»

Ubisoft, qui a inauguré son studio de Toronto en septembre, ne craint pas d'autres départs de ses créateurs les plus talentueux vers d'autres studios à Montréal. «Avoir peur que les gens partent, ce n'est pas notre mode de gestion. Beaucoup de gens reviennent chez Ubisoft, mais on ne l'annonce pas. Nous avons une feuille de route qui parle d'elle-même. Nous avons lancé notre 67e jeu la semaine dernière. La concurrence a encore quelques années devant elle pour rester dans la joute oratoire», dit Yannis Mallat, qui participera aujourd'hui et demain au septième Sommet international du jeu de Montréal. Environ 1500 participants sont attendus.