L'un des plus anciens parcs industriels de Longueuil pourrait bientôt changer de vocation. La fermeture de deux usines et le déménagement d'un atelier municipal incitent la Ville à réviser l'aménagement urbain dans le secteur situé près de l'autoroute 132, au sud du boulevard Roland-Therrien.

Au cours des prochains mois, un bloc de terrains industriels dont la superficie équivaut à 40 terrains de football doivent être mis en vente simultanément. Le secteur, qui est délimité par l'autoroute 132, le boulevard Roland-Therrien, les Gentilly Est et Auvergne, abrite des bâtiments industriels depuis des décennies.

L'administration de la mairesse Caroline St-Hilaire veut repenser la vocation du quartier. Elle vient de débloquer 630 000$ pour financer des études de circulation, d'urbanisme et de caractérisation environnementale. Au terme de la démarche, la Ville pourrait carrément décider de transformer ce secteur industriel en quartier résidentiel où l'on pourrait aussi trouver des bureaux et des bâtiments institutionnels.

Ce scénario serait un baume pour les résidants qui habitent au sud de la rue Auvergne, qui se plaignent depuis des années du bruit en provenance des usines, souligne l'attachée de presse de la mairesse, Catherine Bérubé.

«On veut changer la vocation de ce secteur pour qu'il y ait plus d'homogénéité, explique-t-elle. C'est un secteur qui est très résidentiel et c'est justement ce qu'on veut faire: construire du résidentiel et de l'institutionnel.»

Une première occasion s'est offerte à la Ville en janvier, lorsque Pratt&Whitney a annoncé la fermeture de son usine située au coin des rues Auvergne et Saint-Charles Est. Le fabricant de moteurs d'avion a depuis mené ses propres études et souhaite ajouter à la valeur des terrains qu'il possède, selon Mme Bérubé.

Puis, en avril, l'entreprise de recyclage Unical, qui exploite une usine de récupération du verre dans le quartier, s'est placée sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers. Si l'usine ferme ses portes, le terrain de 47 000 mètres carrés se retrouvera sur le marché à son tour.

Tout près de ces deux terrains se trouvent des garages municipaux, que la Ville souhaite déménager. Au total, il y a donc 209 000 mètres carrés de terrains qui seront mis en vente d'ici quelques mois.

Plusieurs promoteurs s'intéressent au secteur, a indiqué Mme Bérubé. Et une promesse de la mairesse St-Hilaire annonce déjà un changement de cap dans l'utilisation des terrains. Au début du mois d'octobre, elle a en effet réservé un terrain situé à l'angle des rues Saint-Charles et Roland Therrien pour la construction d'un complexe culturel consacré aux arts de la scène et aux arts visuels.

«Le lotissement devrait être résidentiel, peut-être amalgamé avec du commercial léger», convient le conseiller de l'opposition André Groleau, qui représente le district 4, situé juste au sud du quadrilatère industriel.

Pas de menace pour l'emploi

La disparition d'un parc industriel ne risque-t-elle pas de nuire à la création d'emplois dans la cinquième ville du Québec? Gilles Côté, ancien haut fonctionnaire municipal qui dirige maintenant Développement économique Longueuil, ne s'en inquiète pas.

«À mon avis, ce n'est pas un secteur industriel à conserver, convient-il. Ce secteur est en plein milieu urbain, près d'une artère principale.»

Il estime que l'activité industrielle peut facilement être redirigée vers d'autres secteurs de la Ville qui ne sont pas utilisés à pleine capacité. Il cite en exemple la périphérie de l'aéroport de Saint-Hubert et la rue Moïse-Vincent, près de l'autoroute 30.