Un financier new-yorkais, qui est déjà intervenu en force à la direction d'entreprises technologiques de Montréal qui stagnaient en Bourse, revient à la charge.

Il s'agit d'Eric Rosenfeld, directeur-associé de Crescendo Partners, connu notamment pour ses actions antérieures chez Spar Aerospace, revendue depuis, et Ad Opt Technologies.

Cette fois, M. Rosenfeld cible 20-20 Technologies de Laval, une firme de 63 millions US de revenus en conception et vente de logiciels pour l'industrie du meuble et de la cabinetterie.

Crescendo a confirmé hier s'être allié avec d'autres actionnaires mécontents de 20-20, qui totalisent près du tiers de son capital, pour lui réclamer la tenue d'une assemblée spéciale afin de remplacer au moins trois des 10 membres de son conseil d'administration.

Le but ? Entrer à la haute-direction de 20-20 pour « avoir accès à toute l'information » afin d'y instaurer « des moyens de rehausser la valeur aux actionnaires, après des années de déclin en bourse », a indiqué M. Rosenfeld, à La Presse Affaires.

Quant aux moyens envisagés, les interventions antérieures de Crescendo suggèrent une restructuration rapide de 20-20 pour rehausser sa rentabilité et favoriser sa mise en vente.

« Crescendo est un investisseur activiste qui est reconnu pour ses participations importantes dans des PME technologiques afin de les restructurer en faveur d'une revente », a résumé Thanos Moschopoulos, analyste des petites capitalisations chez Marché des capitaux BMO.

Mais de son côté, M. Rosenfeld affirme ne pas avoir de priorités d'intervention chez 20-20 avant d'avoir accès à son conseil. « Je n'ai pas l'intention de chambarder sa haute-direction ni de la mettre en vente ».

N'empêche, les deux associés qu'il veut faire entrer avec lui au conseil de 20-20 ont de l'expérience de gestion d'entreprises technologiques.

Il s'agit d'André Nadeau, un ex-dirigeant en stratégie d'affaires chez la firme d'informatique CGI, ainsi que Mark Burton, un avocat d'affaires au cabinet Stikeman Elliot qui a déjà présidé Ad Opt Technolgies.

Par ailleurs, les autres actionnaires de 20-20 qui se sont alliés par écrit à Crescendo comprennent la firme de placement Montrustco Bolton de Montréal (4,4 milliards  gérés) ainsi que l'entreprise torontoise Constellation Software.

Cette dernière intrigue parce qu'elle a déjà deux filiales de logiciels dans des domaines très proches de celui de 20-20.

Pour l'analyste Thanos Moschopoulos, cette proximité pourrait ouvrir la voie à une fusion « d'actifs complémentaires » de 20-20 vers la firme torontoise, déjà six fois plus grosse.

Au siège social de 20-20, on préfère s'abstenir de répondre officiellement au défi de Crescendo « avant d'avoir analysé toute la situation ».

Mais pour M. Rosenfeld, la patience a une limite. « Ça fait cinq mois qu'on leur parle et leur réclame en vain une meilleure représentation au conseil ».

Par conséquent, il accorde à 20-20 jusqu'au 27 octobre prochain pour convoquer une assemblée spéciale d'actionnaires, qui devrait avoir lieu avant le 21 décembre.

À défaut, M. Rosenfeld entend forcer la tenue d'une telle assemblée par des recours réglementaires et juridiques.

Entre-temps, à la Bourse de Toronto, les actions de 20-20 ont terminé hier en forte hausse de 19 % à 3,70 $, leur cote la plus élevée en sept mois.