Imaginez un complexe avec vue sur la mer incluant un spa, un café, une salle de conférence... et un incinérateur qui brûle à la vue du public tout ce qui sort du système d'égout de Hong-Kong. Vous pensez gestion d'odeur ? Vous n'êtes pas seul. Et ce sont des « nez électroniques » québécois qui y veilleront.

La petite boîte québécoise Odotech a appris qu'elle sera mise à contribution dans le mégaprojet pour le moins hors du commun lancé par le gouvernement de Hong-Kong. Ses nez électroniques capables de détecter les odeurs seront utilisés sur le site de cet incinérateur qu'on annonce comme l'un des plus gros de ce type - sinon le plus gros - au monde.

« Nous en savons très peu pour l'instant. Veolia, qui est le distributeur mondial exclusif de nos systèmes OdoWatch, a été choisie pour la construction de l'incinérateur. On a reçu la nouvelle d'eux », a expliqué à La Presse Affaires Pierre Rényi, vice-président, marketing et ventes, chez Odotech.

L'entreprise de 40 employés a l'habitude d'aller jouer là où ça ne sent pas nécessairement très bon. Sites d'enfouissement des déchets, installations de traitement des eaux usées, de compostage, de dépeçage de cadavres d'animaux : Odotech a déjà installé une quarantaine de ses systèmes dans 11 pays.

Fonctionnement

Comment ça marche ? D'abord, des nez électroniques - des appareils qui ressemblent à des boîtes électriques et qui captent les odeurs en continu - sont dispersés sur le site. On installe aussi des stations météo pour mesurer les vents et les conditions atmosphériques.

Les informations sont ensuite envoyées dans un système informatique qui calcule comment voyageront les odeurs. Des alertes sont envoyées si les odeurs sont trop fortes ou si des « établissements sensibles » des alentours - résidences, écoles - risquent d'être touchés.

Odotech espère que le projet de Hong-Kong lui servira de vitrine en Asie, une région du monde où elle n'est pas encore présente.

« Un incinérateur comme ça, qui est un grand projet industriel, va nous ouvrir des portes, croit Pierre Rényi. Nous avions déjà des projets en préparation à Hong-Kong, mais rien n'est décidé. Ça pourrait bien nous ouvrir l'Asie. »

Il faut dire que le complexe qu'on veut ériger à Hong-Kong a tout pour frapper l'imaginaire. L'incinérateur asiatique brûlera chaque jour 2000 tonnes de boues provenant des 11 stations d'épuration de Hong-Kong. La chaleur générée sera ensuite convertie en électricité, pour une production de 20 mégawatts.

Plein la vue

Alors que ce type d'installation est habituellement caché au public, cette fois, le gouvernement de Hong-Kong a décidé de l'exhiber. Design moderne, centre d'interprétation, visites guidées, jardin écologique : le centre promet d'en mettre plein la vue.

Le groupe français Veolia, spécialiste de l'environnement qui compte plus de 300 000 employés, construira l'incinérateur en collaboration avec Leighton Asia et s'assurera de son exploitation pendant 15 ans.

Dans un communiqué de presse publié au début du mois, Veolia estime la valeur de sa part du contrat à 414 millions d'euros pendant la construction et à 20 millions d'euros par la suite. On prévoit environ trois ans pour ériger le complexe.

Odotech, qui travaille en parallèle à lancer de nouveaux nez capables de détecter le gaz H2S, parle d'embauches. « On est extrêmement occupés ces temps-ci », dit M. Rényi, qui estime que ses effectifs pourraient augmenter du tiers l'an prochain.