La faiblesse de l'économie américaine et l'ascension du huard ne semblent pas faire trop de tort aux manufacturiers canadiens.

En août, le volume de leurs ventes a bondi de 2,1 % sur celles de juillet, indiquait hier Statistique Canada. Exprimée en dollars courants, la valeur des expéditions a augmenté de 2,0 % d'un océan à l'autre, mais de 2,3 % au Québec.

Cette hausse est bienvenue car elle fait suite à deux baisses d'affilée. Elle est aussi plutôt bien distribuée, puisque 15 des 21 segments industriels enregistrent des gains, le plus fort étant le bond de 13,9 % du secteur automobile. Celui-ci est attribuable avant tout à la remise en activité de quelques usines fermées durant juillet pour des fins de ré-outillage.

« Les ventes des fabricants ont gagné 17,6 % depuis leur creux de mai 2009 mais elles restent à 18,0 % de leur niveau d'avant-récession », calcule Francis Fong, économiste à la Banque TD.

« Le rebondissement des ventes manufacturières en août ne change pas le fait que les volumes ont à peine augmenté depuis mars dernier », renchérit Marc Pinsonneault, économiste principal à la Banque Nationale.

Reste que les résultats d'août ont déjoué les experts qui s'attendaient à un rebond cinq fois moindre.

Mieux, la valeur des nouvelles commandes a bondi de 5,3 %, grâce surtout au secteur aéronautique. Celles en carnet ont poursuivi leur ascension amorcée en novembre 2009 et ont à nouveau gagné 1,5 % pour s'établir à 54,7 milliards.

Sans déborder d'optimisme, les entreprises manufacturières paraissent garder le moral. Elles ont continué d'augmenter leurs stocks en août, mais le rapport de ce dernier avec la valeur des ventes a tout de même diminué d'un dixième à 1,33. Ce ratio correspond au nombre de mois qu'il faudrait pour écouler les stocks, compte tenu du niveau des ventes.

Comme ce dernier est encore loin de ses sommets pré-récession, celui des stocks accuse un retard de même envergure. Le fait que le ratio des stocks sur les ventes n'augmente pas peut être compris comme une gestion adéquate.

L'augmentation du volume des ventes est « la plus élevée depuis juillet 2009 », précise Robert Kavcic, économiste chez BMO marchés des capitaux. Elle est de bon augure pour les chiffres du produit intérieur brut d'août. Toutefois le repli de juillet signifie sans doute une contribution modeste du secteur manufacturier au PIB pour l'ensemble du troisième trimestre.

Les perspectives à court terme du secteur restent empreintes d'incertitude. Depuis août, le huard s'est apprécié de 6 % et rapproché de la parité qu'il devrait avoisiner au cours des prochains trimestres. Quant au passage à vide de l'économie américaine, il pourrait s'étendre jusqu'au printemps.