Il fut une époque où les entreprises embauchaient des diplômés en communications pour leurs talents de rédaction de communiqués de presse. Cette époque pourrait bien être révolue: le talent de ces professionnels doit désormais s'exprimer en 140 caractères ou moins, une nouvelle génération de PME préférant faire affaire avec des spécialistes en médias sociaux pour leurs communications externes.

C'est du moins ce que révèle une étude publiée le mois dernier pour le compte du portail américain PRWeek, qui observe de près le secteur des relations publiques. Selon cette étude, une part importante d'entreprises compte délaisser les communications traditionnelles, de la rédaction des communiqués de presse à la mise en ligne de sites web, au plus tard d'ici deux ans.

Treize pour cent de ces entreprises prévoient confier l'ensemble de leurs communications externes à des professionnels des médias sociaux, qu'il s'agisse de plates-formes grand public comme Facebook ou YouTube, ou de sites un peu plus spécialisés, comme Foursquare, LinkedIn ou Twitter.

Autre statistique intéressante tirée de l'étude de PRWeek: la proportion des entreprises sondées qui confient réellement la gestion de leur présence sur les médias sociaux à des professionnels spécialisés en la matière n'est que de 4%.

Règle générale, les entreprises ne savent pas trop à qui confier cette tâche: pour le moment, 30% d'entre elles la laissent aux relations publiques, 22% à une agence publicitaire, et 8% aux informaticiens. Mais, de plus en plus d'entre elles comptent embaucher un expert. Ceux-ci ne se font d'ailleurs pas prier. Ces nouveaux professionnels des communications spécialisés en médias sociaux sont hautement sollicités ces jours-ci.

Du web au mobile

Ces nouveaux professionnels en communication d'entreprises aident les PME à mettre au point une stratégie axée exclusivement sur les médias sociaux. Depuis deux ans, les PME portent un intérêt croissant envers ces nouvelles technologies. Ça va du blogue corporatif à YouTube, en passant par Facebook et Twitter.

Pour leurs clients, ces nouveaux spécialistes programment la diffusion de courts billets ou clips vidéo sur les plates-formes désirées pour une période de 3, 6 ou 12 mois. Après quoi ils compilent le taux de pénétration de la campagne, et font un rapport détaillé de son succès.

Cela satisferait certainement n'importe quel chef d'entreprise, mais, ce qui les fait vraiment tomber, c'est le coût d'une telle campagne. «Une campagne annuelle peut coûter quelques milliers de dollars seulement, explique Camille Desrosiers, gestionnaire de médias sociaux pour le compte de commerçants et de festivals montréalais. Pour les PME qui n'en ont pas les moyens, je peux remplacer une agence de relations publiques, de marketing ou de publicité pour une fraction du coût. Souvent, c'est ce qui convainc les commerçants d'opter pour une telle campagne.»

Cela dit, ça ne signifie pas la fin des campagnes traditionnelles. Une présence dans les médias sociaux ne signifie pas qu'on doive laisser tomber la publicité, ou les sites web d'entreprise, nuance la jeune femme d'affaires. «Sur Facebook, nous sommes à la merci des dirigeants du site. S'il y a une panne, ça affecte la campagne!»

En revanche, les médias sociaux sont un outil efficace pour s'immiscer dans la vie d'une clientèle ciblée tout en profitant de l'émergence des nouveaux modes de communication. «Il y a des gens qui visitent Foursquare ou Twitter sur leur poste de travail, alors que d'autres préfèrent le faire sur leur téléphone sans fil. Les médias sociaux fonctionnent bien dans les deux cas, ce qu'on ne peut pas dire d'une campagne exclusive au web qui utiliserait beaucoup de contenu Flash, par exemple», dit la jeune femme d'affaires.

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