Même si les demandes initiales d'assurance-chômage ont légèrement diminué en septembre, il ne faut pas s'attendre ce matin à une nette amélioration du marché du travail américain. Il accuse toujours un des pires taux de demandeurs d'emploi en 26 ans.





Au Canada, les emplois détruits par la récession ont été récupérés, mais l'embauche est appelée à ralentir. Il ne faudrait même pas s'étonner de quelques reculs mensuels dans un proche avenir. On s'attend à moins de 10 000 nouveaux emplois le mois dernier.



Aux États-Unis, les demandes initiales se sont élevées à 445 000 la semaine dernière, les moins élevées depuis le 10 juillet, selon le département du Travail. La moyenne des quatre dernières semaines, un chiffre moins volatil, s'élève à 455 750.

Pas moins de 4,46 millions d'Américains touchent toujours des prestations régulières, le chiffre le plus faible depuis le 26 juin. Cela peut sembler encourageant, mais c'est oublier que 257 000 chômeurs de cette cohorte vivent désormais non pas des fruits d'un nouvel emploi mais des prestations exceptionnelles votées par le Congrès. Le total de ces prestataires d'exception s'élevait à 5,14 millions US, il y a deux semaines.

Bref, si les employeurs licencient moins, ils n'embauchent pas pour autant.

«Nous nous attendons à 25 000 nouveaux emplois dans le secteur privé et à une augmentation du taux de chômage à 9,7%, expliquait Andrew Tilton, économiste chez Goldman Sachs, dans la note quotidienne du service de recherches de la banque d'affaires. La croissance de l'emploi épouse de près la croissance économique, mais avec un faible décalage.»

Et comme la croissance a faibli au deuxième trimestre, l'emploi fait de même.

Sur une base plus empirique, il observe que les offres d'emploi mesurées tant par le Conference Board que par Monster.com stagnent depuis deux ou trois mois, tandis que les diverses enquêtes menées auprès des employeurs donnent des résultats divergents en matière d'embauche.

Les prévisions de M. Tilton sont en deçà du chiffre médian de 75 000 des économistes sondés par Bloomberg, mais une poussée de l'emploi le mois dernier reste hautement improbable.

Même à 75 000, les nouveaux emplois seront insuffisants pour empêcher une montée du taux de chômage à 9,7%. Il se situait à 9,64% en août.

Il s'agira des derniers chiffres à paraître avant les élections américaines de mi-mandat.

Le taux de chômage restera en toile de fond du débat politique américain au moins au cours des deux prochaines années. «La combinaison de travailleurs découragés qui rejoignent la population active et de la disparité grandissante entre les emplois offerts et les compétences des chômeurs entraînera sans doute le maintien du taux de chômage au-dessus de la barre des 9% durant encore deux ans et demi», estime James Marple, économiste principal à la Banque TD qui vient de publier une étude intitulée U.S. Unemployment in the Aftermath of the Great Recession (Le chômage américain dans la foulée de la Grande Récession).

La discordance s'explique en bonne partie par le fait que la construction avait été le plus grand générateur d'emplois au cours du cycle précédent. Avec désormais un prêt hypothécaire sur cinq plus élevé que la valeur de la propriété, ces travailleurs ne sont pas prêts d'être réembauchés de sitôt.

La demande d'emploi vient surtout des secteurs de la santé et de l'éducation. Le premier doit s'occuper d'une population vieillissante, le second des jeunes en quête d'une formation plus poussée, faute de trouver immédiatement du travail, une fois leurs études terminées.

Il n'est pas évident de transformer un briquetier en ergothérapeute ou un charpentier en technicien de laboratoire.

«Dans le meilleur des cas, acquérir ces nouvelles formations ne se fait pas en criant ciseau», poursuit M. Marple.

Beaucoup vont s'y essayer, car les rangs des diplômés ont été beaucoup moins décimés par les licenciements de la dernière récession. Avant 2008, l'écart entre les taux de chômage des diplômés universitaires et les autres travailleurs était de deux ou trois points de pourcentage. Présentement, le taux de chômage des non-diplômés s'élève à 10,1%, comparativement à 4,6% pour ceux qui ont effectué des études universitaires.