Quebecor (T.QBR.B)demandera au CRTC dans les prochains jours qu'il retire la demande d'exception qu'il avait déposée l'été dernier pour Sun TV News. C'est ce qu'a indiqué Pierre Karl Péladeau, hier, au terme d'un discours à Ottawa.







Le géant québécois de la radiodiffusion entend toujours lancer sa nouvelle chaîne de nouvelles en continu en janvier, mais comme simple chaîne de catégorie deux, sans privilège de distribution. Cela signifie que les câblodistributeurs n'auraient aucune obligation de l'inclure dans les choix qu'ils offrent à leurs clients.





Devant un parterre bondé du Canadian Club, le PDG de l'entreprise a par ailleurs tenu à mettre les pendules à l'heure, quant au nouveau projet qui a attiré sa part de controverses, depuis son annonce.

Dans une allocution uniquement en anglais, prononcée au moment où des dizaines d'employés en lock-out du Journal de Montréal manifestaient à l'extérieur, M. Péladeau a expliqué sa vision d'avenir pour les médias canadiens: une vision bâtie autour de son modèle de «convergence».

C'est dans cette même lignée que s'inscrira Sun TV News, a expliqué le président de Quebecor. Et profitant de cette tribune devant plusieurs acteurs de l'industrie, il s'est employé à défaire ce qu'il a décrit comme des mythes concernant la nouvelle station, pourtant essentielle à la démocratie canadienne, a-t-il insisté.

«Il n'y a pas d'entente secrète entre Quebecor et le premier ministre Harper concernant Sun TV News», a d'abord lancé M. Péladeau, sourire en coin.

Quant à savoir si la nouvelle chaîne serait «de droite», il a rappelé qu'elle serait la continuité de ses journaux Sun Media. «Est-ce que le Toronto Sun et les autres journaux de la chaîne sont à droite du spectre politique? La réponse honnête est oui», a-t-il ajouté. Ce à quoi l'homme d'affaires a fait remarquer que ce serait simplifier à outrance que de les classer comme étant de droite, point final. Ils pourraient aussi être décrits comme étant «populistes, irrévérencieux, parfois provocateurs mais toujours près de leurs lecteurs», a-t-il insisté.

619 jours de lock-out

Quebecor a demandé au CRTC l'été dernier d'obliger les distributeurs à l'inclure dans leurs forfaits durant trois ans. Le CRTC, qui abolira la distribution obligatoire des chaînes d'information continue en 2011, doit tenir des audiences dans le dossier le 19 novembre, et rendre sa décision à l'automne.

En raison de la volte-face de Quebecor, cette date pourrait être repoussée. Au CRTC, cependant, on a refusé de spéculer, puisque l'organisme n'avait en fin de journée reçu aucune demande ni avis.

Par ailleurs, Pierre Karl Péladeau a été accueilli devant le Château Laurier d'Ottawa par des dizaines d'employés du Journal de Montréal, dont c'était le 619e jour de lock-out.

«Triste ironie, je pense que le titre exact de son allocution est: la pérennité des médias au Canada au XXIe siècle, ou quelque chose dans le genre. On est là pour témoigner des conséquences humaines de son plan d'affaires. C'est 253 familles sans travail depuis le 24 janvier 2009», a déclaré Patrick Gauthier, un porte-parole.

Les employés en lock-out du Journal de Montréal doivent lancer le 28 octobre une version hebdomadaire papier de leur RueFrontenac, la publication web qu'ils ont mise sur pied depuis le début de l'arrêt de travail.

M. Péladeau a refusé de commenter les négociations, qui ont repris il y a quelques semaines.