Le CRTC poursuit pour la deuxième et dernière journée, mercredi, l'audition de la demande de Cogeco (T.CGO) de se porter acquéreur des 11 stations de radio de Corus (T.CJR.B) au Québec.

Et, à cette occasion, le second groupe qui s'était montré intéressé à acheter en tout ou en partie les stations de radio de Corus, Tietolman & Tétrault Média, est venu plaider sa cause.

Tietolman & Tétrault (T&T) a réitéré le fait qu'il était prêt à acquérir ces stations, en tout ou en partie, et même à rouvrir les chaînes d'information radio continue en anglais et en français que Corus avait fermées, en plus d'investir dans les stations déficitaires de Sherbrooke, Gatineau et Trois-Rivières, qui font partie de la transaction Cogeco-Corus.

T&T a aussi présenté un projet différent, qui mise beaucoup plus sur la chanson francophone, favorisant particulièrement la relève.

«Le CRTC a un choix viable et valable devant lui à l'offre de Cogeco», a lancé Paul Tietolman, président de Tietolman & Tétrault Média.

Le CRTC a toutefois mis un frein à l'enthousiasme du groupe, lui rappelant qu'il était là pour étudier la demande de Cogeco, non pour évaluer deux offres concurrentes pour ces stations de radio.

Néanmoins, comme le CRTC pourrait contraindre Cogeco à revendre certaines stations qui lui appartiendraient si cette transaction était acceptée, parce qu'il dépasserait le nombre maximal permis de stations FM en français dans certains marchés, l'intérêt de Tietolman & Tétrault reste un facteur à soupeser pour le CRTC.

Limites à la propriété

«Pourquoi le CRTC devrait-il changer les règles de propriété en faveur de Cogeco alors que l'industrie de la radiodiffusion en est réduite à avoir deux joueurs majeurs dans les principaux marchés? Est-ce bénéfique pour la population et la concurrence? En créant potentiellement pareil précédent, est-ce que le CRTC ne risque pas d'ouvrir une boîte de Pandore?» a demandé Nicolas Tétrault, vice-président de T&T. Il faisait ainsi référence aux autres demandes d'exception qui risqueraient d'affluer, même du Canada anglais.

Cette demande d'exception à la politique de propriété commune formulée par Cogeco, qui lui permettrait de détenir plus de stations FM que permis dans le marché de Montréal, préoccupe visiblement les conseillers du CRTC. Tant mardi que mercredi, ceux-ci sont revenus à la charge, décrivant tantôt cette demande d'exception comme «un éléphant dans la pièce», laissant tantôt entendre qu'accepter cette demande d'exception entraînerait «un tsunami» de demandes d'exception en provenance du Canada anglais.

C'est pour le 98,5 FM que Cogeco demande cette exception, désirant faire de cette chaîne de radio à prédominance verbale, très écoutée à Montréal, la tête de sa future agence de nouvelles qui desservirait les stations des autres régions. Les dirigeants de Cogeco ont même laissé entendre que s'ils n'obtenaient pas l'exception souhaitée pour le 98,5 FM, il leur serait difficile de créer une agence de nouvelles.

Fait à noter, seulement quatre des 11 stations de radio dont Cogeco souhaite se porter acquéreur sont rentables.

Dans les régions concernées, la transaction proposée est plutôt bien vue, puisque Cogeco compte remettre à l'horaire de la programmation locale ainsi que des informations locales et régionales.