L'optimisme des investisseurs envers la nouvelle tablette numérique PlayBook, de Research In Motion (T.RIM), aura été de courte durée. Le gain instantané de 2% de RIM en Bourse, en fin de séance lundi, a été suivi d'un recul de près de 5%, avant de terminer la journée avec un recul de près de 2,6%, hier. L'arrivée tardive de l'appareil, dans un créneau rapidement surchargé, est en cause.

Comme RIM ne prévoit pas vendre le PlayBook en Amérique du Nord avant janvier, elle ne pourra profiter de la saison des Fêtes, plus importante période de l'année pour la vente de produits électroniques. Il n'en fallait pas plus pour refroidir les ardeurs des analystes américains, leur réaction contrastant avec celle, spontanément optimiste, de leurs homologues canadiens.

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«Un marché des tablettes numériques rapidement surchargé, un important changement de plateforme logicielle, avec les risques que cela sous-entend, et une perte de marché continue en Amérique du Nord» font douter de la capacité de RIM de s'en tirer positivement, résume la firme Morgan Stanley. Face à Apple et Google, le fabricant ontarien a perdu du terrain, depuis un an. Dans le créneau des téléphones d'affaires, sa part de marché est passée de 19 à 18,2%. Le PlayBook pourrait être incapable de renverser à lui seul cette tendance.

L'innovation retrouvée

Lundi, le cofondateur de RIM, Mike Lazaridis, a tenté de répondre aux craintes du marché face à la capacité d'innovation de sa société, en dévoilant la tablette PlayBook. Depuis, la disparité dans la réaction des analystes canadiens et américains est frappante.

Les analystes canadiens n'y voient que du bon. Ils situent en moyenne le cours cible de RIM à 80$, un cours près de 20% plus élevé que la moyenne des prévisions américaines, qui oscillent autour des 65$.

Leur avis: les gens d'affaires aimeront ce nouveau produit qui, contrairement à l'iPad, semble plus productif que ludique. Plus compact que l'iPad, avec un affichage de 7 pouces de diagonale, le PlayBook est compatible avec le contenu Flash, capable de vidéoconférences, et se connecte à internet sans fil par WiFi, ou en empruntant la connexion d'un téléphone BlackBerry.

RBC Marché des capitaux estime que RIM vendra six millions de PlayBook en 2011, accaparant 11% du marché des tablettes numériques.

C'est beaucoup, mais c'est aussi peu, si on compare aux 20 millions d'iPad qui pourraient être vendus par Apple sur la même période. Les observateurs s'attendent à ce que Steve Jobs, PDG d'Apple, monte de nouveau sur scène afin de dévoiler un nouvel iPad plus polyvalent, mis en marché en même temps que le PlayBook.

Le prix du PlayBook, encore inconnu, pourrait faire la différence. Les BlackBerry sont très abordables, souvent deux ou trois fois moins chers que l'iPhone. Le PlayBook ne devrait pas déroger de cette stratégie.

«Le PlayBook sera certainement plus abordable et plus productif que l'iPad pour les entreprises. Il pourrait même gruger des parts de marché aux ordinateurs portables», dit Mike Abramsky, de RBC Marché des capitaux.

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