Les plus grandes entreprises de la Silicon Valley sont parvenues à une entente discrète avec le gouvernement fédéral américain, vendredi dernier. Au coeur du litige: un système complexe de collusion qui permettait aux entreprises de conserver leurs meilleurs employés.

Les entreprises visées par le département de la Justice sont Adobe, Apple, Google, Intel, Intuit et Pixar.

Selon le gouvernement fédéral, ces entreprises ont lésé leurs employés de haut niveau en interdisant aux entreprises concurrentes de prendre contact avec eux pour leur offrir un emploi. Les entreprises avaient même échangé des listes avec les noms des employés visés par ces accords secrets.

«Ces accords ont eu pour effet de restreindre la concurrence pour les employés visés, note Molly S. Boast, directrice adjointe de la division des pratiques anticoncurrentielles au département de la Justice. Les ententes existaient entre Apple et Google, Apple et Adobe, Apple et Pixart, et Google et Intel. La récente entente avec le département de la Justice résout nos inquiétudes au sujet de ces pratiques anticoncurrentielles.»

Les entreprises visées par le gouvernement sont situées au coeur de la Silicon Valley, où la concurrence pour les meilleurs employés est extrêmement féroce. Les ententes ont été conclues par les entreprises entre 2005 et 2007, et ont pris fin en 2009, après l'intervention du gouvernement fédéral.

Les conditions de l'accord entre les entreprises et le gouvernement fédéral n'ont pas été divulguées. La réaction publique des entreprises a été très discrète depuis vendredi.

Dans un communiqué, Google a dit ceci: «Bien qu'il n'existe aucune preuve que notre politique ait empêché une embauche ou affecté les salaires, nous avons abandonné cette façon de faire à la fin de 2009, quand le département de la Justice nous a fait part de ses inquiétudes.»

Chris O'Brien, chroniqueur au Mercury News de San Jose, est scandalisé par le comportement des entreprises, qui comptent parmi les plus admirées au monde. Le jeu, dit-il, n'en valait tout simplement pas la chandelle.

«Leurs actions ne sont pas seulement embarrassantes: elles violent tout ce que la Silicon Valley représente, écrit-il. Ces ententes révèlent aussi leur insécurité profonde sur leur capacité à évoluer sur un terrain de jeu équitable. Au-delà de toutes ces explications, leurs actions ne sont qu'une chose, et une chose seulement: elles sont stupides.»

D'autres entreprises ont été nommées dans l'enquête du département de la Justice, lancée l'an dernier. Il s'agit de Yahoo!, IBM et Microsoft. Ces entreprises n'ont pas été mentionnées dans l'accord survenu vendredi. Le gouvernement fédéral a dit qu'il poursuivait ses efforts pour faire la lumière sur les ententes anticoncurrentielles.