Le géant suisse de l'alimentaire Nestlé veut renforcer sa présence dans le secteur très compétitif des alicaments en créant une nouvelle unité et un centre de recherche dédiés à la lutte contre des maladies comme Alzheimer ou le diabète, a-t-il annoncé lundi.

«On veut approfondir les solutions scientifiques pour comprendre comment la nutrition interagit avec le corps humain. C'est une science qui est tout à fait nouvelle», a expliqué à l'AFP le directeur général du groupe, Paul Bulcke.

Le numéro un mondial de l'alimentaire, célèbre pour ses barres chocolatées Kit Kat et les cubes de bouillons Maggi, est aussi présent dans le secteur de la nutrition et de la santé en 1986.

Il n'a cessé depuis de renforcer sa position, en rachetant en 2007 la nutrition médicale à son compatriote Novartis et avec l'acquisition en août du britannique Vitaflo, spécialisé dans la nutrition clinique.

Mais Nestlé a ajouté un élément supplémentaire dans son développement vers une société orientée vers la santé et de bien être, en annonçant lundi la création de deux nouvelles unités destinées à lutter contre des maladies comme l'obésité, le diabète et Alzheimer.

«Nestlé a toujours été lié à la nutrition. Ici on parle d'une dimension qui est beaucoup plus profonde au niveau de la science», a précisé M. Bulcke, évoquant notamment le développement d'un chewing-gum avec un effet sur le niveau de phosphate dans le sang pour les personnes ayant un problème avec les reins.

La première unité, Nestlé Health science, sera dirigée par Luis Cantarell, jusqu'ici vice-président exécutif de Nestlé en charge des Amériques, et entrera en service au 1er janvier 2011.

Elle intègrera les activités existantes dans la nutrition et la santé, qui ont dégagé un chiffre d'affaires de 1,6 milliard de francs suisses (1,54 milliard CAN) l'année dernière.

La seconde entité, l'Institut des sciences de la santé de Nestlé, sera intégrée au réseau mondial de recherche et de développement du groupe. Nestlé prévoit d'investir quelque 500 millions de francs suisses sur 10 ans dans cette infrastructure, qui sera dédiée à la recherche dans le secteur biomédical et affectée à l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL).

Le géant de l'alimentaire «dispose du savoir-faire, de la science, des ressources et de l'organisation nécessaire pour jouer un rôle essentiel dans la recherche de solutions alternatives» aux défis liés à la santé, a estimé le président Peter Brabeck lors d'une conférence de presse à l'EPFL.

«Nous n'avons pas la prétention de résoudre (la maladie d') Alzheimer. Nous voulons nous concentrer sur la santé à long terme», a nuancé M. Brabeck.

Estimant qu'il s'agit d'un marché émergent, la direction de Nestlé est restée dans le flou concernant les objectifs chiffrés.

«Il s'agit d'une opportunité qui se chiffre en milliards plutôt qu'en millions», a estimé M. Cantarell. «C'est un marché qui n'est pas encore clairement défini, il est en train de se cristalliser», a souligné M. Bulcke.

Pour renforcer sa position dans ce secteur, le géant suisse prévoit de croître par des acquisitions.

Nestlé Health science «recherchera activement des opportunités additionnelles (...) par le biais d'acquisitions», a précisé M. Brabeck. Le groupe veut également croître dans ce secteur via des licences et l'intégration de start-up, a-t-il ajouté.

Un éventuel rachat du français Yoplait n'a pas été commenté. «Ca rentre dans le domaine de la spéculation», a indiqué M. Bulcke.

Les investisseurs ont mollement réagi à ces annonces, le titre prenant 0,47% à 52,95 francs suisses, dans un marché quasiment stable (+0,09%).