Le ministre des Finances, Raymond Bachand, confirme que le déficit de l'année qui s'est terminée le 31 mars est moins élevé que prévu. Il parle même ouvertement de la possibilité d'enregistrer un déficit inférieur aux prévisions pour l'année en cours. Mais le grand argentier se dit «très préoccupé» par les difficultés économiques des États-Unis, qui pourraient ralentir la reprise prévue par son gouvernement en 2011.

Raymond Bachand ne doit déposer que plus tard cet automne les comptes publics de l'année 2009-2010 et sa mise à jour économique et financière. Il en a toutefois donné un avant-goût hier, en marge d'une réunion du caucus libéral.

«Pour l'année qui s'est terminée le 31 mars, on va faire mieux que ce qu'on avait prévu. Et pour l'année en cours, je suis confiant que (le déficit) sera celui qui a été fixé ou moins», a-t-il affirmé.

Dans son budget de mars dernier, le ministre prévoyait un déficit de 4,3 milliards de dollars pour 2009-2010. La Presse indiquait qu'il atteindrait finalement 3,5 milliards, c'est-à-dire 800 millions de moins.

Pour l'année en cours, 2010-2011, le budget Bachand indiquait que le déficit serait de 4,5 milliards. Or, selon le dernier rapport mensuel des opérations financières, le déficit du Québec pour 2010-11 a fondu de 780 millions au cours du premier trimestre printanier (1,26 milliard par rapport à 2 milliards l'an dernier). Le gouvernement s'attendait plutôt à une hausse.

«Globalement, c'est une bonne année quand on parle de reprise économique», a affirmé Raymond Bachand. Dans son budget, Québec avait prévu une croissance du PIB réel de 2,3% pour 2010. Le secteur privé, qui prévoyait alors 2,4%, prédit maintenant une hausse de 3%.

Raymond Bachand a remis aux journalistes des tableaux dont l'un démontre que 67 500 emplois ont été perdus au Québec lors de la récession mais que 115 000 ont été créés depuis. «On a fait une bonne job, on a gagné la récession, on a gagné la reprise, a-t-il lancé. Mais la bataille n'est pas gagnée. Il y a encore beaucoup d'incertitude dans l'air.»

Le vent d'inquiétude vient des États-Unis. «Les difficultés de l'économie américaine persistent au niveau de la production industrielle, des investissements non résidentiels, de l'emploi, a-t-il affirmé. Je suis très préoccupé par la situation américaine parce que les États-Unis, c'est le gros de nos marchés d'exportation.»

Les prévisions économiques sont en conséquence moins bonnes pour 2011. Québec tablait sur une croissance du PIB réel de 2,6%. Le secteur privé l'a abaissé de 2,7% à 2,4% depuis le dépôt du budget. «2011 sera probablement un peu plus faible que ce qui était prévu mais elle restera en croissance», a dit M. Bachand. Il s'est défendu de préparer l'opinion publique à des mauvaises nouvelles.

Selon lui, le gouvernement a «deux grands défis» pour la prochaine année. Il doit augmenter le taux d'emploi des personnes de 55-64 ans. À 51,2%, c'est le taux le plus faible au Canada; la moyenne s'élève à 57,6%. Il doit également hausser la productivité. En 2008, la production de biens et services par heure travaillée atteignait 38,50$US, la pire performance au Canada (43,30$ en moyenne).