Le nombre d'heures travaillées a augmenté plus vite que la taille de l'économie, au deuxième trimestre.





Voilà pourquoi la productivité dans les entreprises a reculé de 0,8%, d'avril à juin, effaçant les gains réalisés au premier trimestre, a indiqué hier Statistique Canada.



En un an, le taux de productivité du travail est limité à 0,8%. Pour la période correspondante, cela signifie que la croissance de l'économie de 3,7% a été surtout assurée par l'augmentation de 2,8% du nombre d'heures travaillées. La plus forte création trimestrielle d'emplois de l'histoire (plus de 200 000) apporte d'ailleurs un soutien éloquent à ce calcul.

Le recul de la productivité du printemps est avant tout concentré dans le commerce de gros et de détail ainsi que dans la construction.

Dans la fabrication, le bilan est plus encourageant, avec un léger gain de 0,1%, le cinquième d'affilée. Il s'agit d'un secteur névralgique puisque son activité est très reliée aux exportations, en particulier vers les États-Unis.

Or, dans l'ensemble, les entreprises américaines font beaucoup mieux que les canadiennes au chapitre de la productivité.

Qui plus est, la productivité a diminué plus vite que la rémunération horaire durant le printemps. Résultat: les coûts unitaires de main-d'oeuvre ont augmenté de 0,5% lorsqu'on les exprime en dollars canadiens, mais de 1,8% lorsqu'on les convertit en dollars américains.

Seule exception: la fabrication. «Ses coûts unitaires de main-d'oeuvre ont diminué significativement depuis la fin de 2008, observe Benoit P. Durocher, économiste principal chez Desjardins. Ces efforts doivent être encouragés et déployés aux autres secteurs d'activité.»

Rappelons que ces avantages concurrentiels (gain annuel de productivité de 7,6%) ont été réalisés au prix d'une contraction, au mieux d'une stagnation, de l'effectif dans les segments manufacturiers de l'économie.

À moins d'une croissance robuste qui paraît improbable, les gains de productivité devront se réaliser au détriment de l'embauche dans les autres secteurs, en particulier ceux qui sont exposés au commerce international (transport, hôtellerie, foresterie).

«Les entreprises améliorent leur rentabilité, les taux d'intérêt demeurent extrêmement faibles et le dollar canadien se maintient à un niveau élevé, ce qui réduit le prix de la machinerie et de l'équipement importés», fait remarquer Francis Fong, économiste chez Banque TD.

Comme la Banque du Canada, il s'attend à une accélération des investissements des entreprises au cours des mois à venir d'autant plus que leur fiscalité a été révisée de manière à stimuler ce type de dépenses.

Statistique Canada a aussi mesuré une augmentation du taux d'utilisation de la capacité industrielle, la quatrième d'affilée.

Elle est passée de 74,4% à 76%, entre les premier et deuxième trimestres. «Elle continue d'augmenter depuis juin, assurent Derek Holt et Gorica Djeric, économistes chez Scotia Capitaux. Elle a retrouvé son niveau de novembre 2008, mais demeure encore loin de ses sommets d'avant-récession.»

En 2005, le taux avait atteint 84,2% et s'est maintenu au-dessus des 80% jusqu'à l'été 2008. Au creux de la récession, au printemps 2009, il est descendu jusqu'à 68,1%. «Il y a encore place pour la croissance avant que l'économie fasse face à des limites de capacité», précise Douglas Porter, économiste en chef adjoint chez BMO Marchés des capitaux. En fait foi le taux de chômage de 8,1% en août qui reste environ deux points de pourcentage au-dessus de son taux de pré-récession.»

Les taux d'utilisation varient d'un segment à l'autre avec des pointes de 88% et 89,9% dans le papier et la foresterie et des creux de 49,4% et de 56,9% dans les produits du cuir et les vêtements.

Notons enfin que l'impression et les mines ont des taux plutôt faibles de 63,7% et 69,0% seulement. Le premier cas est cependant plus inquiétant puisqu'il accuse toujours un recul annuel alors que le second connaît un bond de plus de 15%.