Les ventes de détail aux États-Unis ont augmenté un peu plus que prévu en août, mais leur progression laisse penser que les Américains restent très prudents dans leurs achats et que la consommation est encore loin d'avoir retrouvé son rôle d'aiguillon de la croissance.

Les ventes des détaillants et de la restauration ont augmenté de 0,4% par rapport à juillet, soit un peu plus que la prévision médiane des analystes (+0,3%), selon des chiffres publiés mardi par le département du Commerce.

Août a été le deuxième mois consécutif de hausse pour cet indicateur, qui avait progressé de 0,3% en juillet.

Après la multiplication de signes témoignant d'un ralentissement de la reprise aux États-Unis, le rapport du Ministère est plutôt encourageant dans la mesure où il semble témoigner, au moins temporairement, d'une bonne orientation de la consommation.

Les chiffres sur les ventes de détail donnent un premier aperçu de l'évolution de la consommation du mois passé. Ils sont très suivis bien qu'ils ne tiennent pas compte des achats de services, qui représentent près de 65% des dépenses des ménages.

Pour Chris Christopher, économiste de l'institut IHS Global Insight, les ventes de détail laissent penser que «la hausse de la consommation devrait atteindre 2,0%» en rythme annuel au troisième trimestre.

Ce serait autant qu'au deuxième trimestre, qui avait vu la croissance économique des États-Unis n'atteindre que 1,6% en rythme annuel par rapport au trimestre précédent, soit un taux bien inférieur au potentiel du pays.

S'ils peuvent témoigner d'une bonne orientation de la consommation, les chiffres du Ministère montrent, dans le détail, que celle-ci reste tout sauf effrénée.

Certes, seules quatre des 13 composantes de l'indice ont baissé en août, mais celui-ci a été tiré essentiellement par les ventes des magasins d'alimentation (+1,3%) et de vêtements (+1,2%).

Les produits coûteux sont laissés de côté, au moins temporairement: les ventes de voitures ont baissé de 0,7%, celles des magasins d'ameublement de 0,9%, et celles d'électroménager ou de matériel électronique de 1,1%.

Ces chiffres corroborent une observation du dernier Livre beige, rapport de conjoncture de la banque centrale (Fed), qui notait le 8 septembre une tendance des ménages à se limiter de nouveau aux achats de première nécessité.

Pour Sal Guatieri, analyste de BMO Capital Markets, la hausse des achats de vêtements, après quatre mois de baisse, est à mettre au compte de l'approche de la rentrée scolaire, «les parents ne pouvant pas repousser davantage l'achat d'habits à leurs enfants», et elle ne se répétera pas.

Quant à la hausse des ventes d'alimentation, elle serait surtout due au renchérissement de la nourriture, l'indice du Ministère n'étant pas corrigé des variations de prix.

«Bien que la situation financière des ménages se soit améliorée, les dépenses de consommation réelles vont sans doute continuer de progresser au rythme morne de 2% (...) tant que l'emploi ne progressera pas», estime-t-il.

Selon les derniers chiffres officiels, le chômage s'élevait à 9,6% fin août, ce qui est proche de son plus haut niveau en une génération (touché fin 2009), et le taux d'épargne des Américains reste élevé, signe de leur manque de confiance dans l'avenir.

Pour Joel Naroff, de Naroff Economic Advisors, «le refus d'acheter des articles coûteux est inquiétant, et pourrait indiquer que les gens n'ont pas vraiment envie d'ouvrir leur portefeuille maintenant».