Les studios indépendants de jeux vidéo de Toronto se réjouissent de l'arrivée d'Ubisoft dans la Ville reine, mais ils ne sont pas dupes. À court terme, ils perdront des employés et auront de la difficulté à retrouver les meilleures recrues.

«À long terme, Ubisoft créera un écosystème à Toronto mais à court terme, Ubisoft créera de la pression sur notre recrutement», dit Donald Henderson, directeur du studio Bedlam Games.

La guerre du recrutement qui s'amorce à Toronto arrive à un bien mauvais moment pour Bedlam Games, qui lance cet automne le premier jeu vidéo de son histoire (Scratch - The Ultimate DJ). «Notre ambition n'est pas de devenir un immense studio, mais nous voulons doubler nos effectifs à 120 employés au cours des prochaines années, dit Donald Henderson. Après, nous verrons.»

La directrice d'Ubisoft Toronto, Jade Raymond, se défend bien de vouloir siphonner les meilleurs cerveaux de ses concurrents torontois. Son plan? Séduire les Torontois exilés à l'étranger qui veulent revenir à la maison, mais pas à n'importe quel prix au plan professionnel. «Il y a d'excellentes universités et écoles d'animation en Ontario, dit-elle. Quand je travaillais pour EA à San Francisco, on recrutait beaucoup de diplômés de Toronto parce qu'ils étaient les meilleurs. Ça prend des gens qui sont talentueux et qui connaissent les logiciels. Nous ne voulons pas juste remplir des chaises.»

L'ennui, c'est que les PME de jeux vidéo déjà existantes dans la Ville reine s'intéressent aussi aux exilés torontois. « (Contrairement à Ubisoft) nous n'avons pas le temps de former des jeunes, dit Vikas Gupta, PDG de TransGaming. Nous devons avoir des gens d'expérience capables de travailler immédiatement. Nous ne pouvons pas former des diplômés durant deux ou trois ans.»

TransGaming peut témoigner des difficultés de recruter des employés qualifiés à Toronto: elle vient d'ouvrir un studio à Atlanta. «Nous avions besoin d'une expertise particulière, elle se trouvait dans un studio à Atlanta, dit Vikas Gupta. Comme il aurait été beaucoup plus compliqué de développer cette expertise à Toronto, nous avons préféré nous installer à Atlanta. Dans notre industrie, nous allons où est l'expertise.»