Le gouvernement du Québec a accordé un demi-milliard de dollars en crédits d'impôt aux studios de jeux vidéo, dont 80 millions cette année. La question est inévitable: Québec s'est-il payé son industrie des jeux vidéo?

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Le grand patron du studio d'Ubisoft à Montréal, le premier studio à avoir bénéficié des crédits d'impôt en 1997, ne voit pas les choses de cette façon. «C'est une question hypothétique, dit Yannis Mallat. Les crédits d'impôt auront au moins eu le bénéfice de faire en sorte qu'on s'installe»

Comme tous les directeurs de studio montréalais, Yannis Mallat croit que la créativité québécoise est la principale raison du succès de sa province d'adoption dans les jeux vidéo. «On le vérifie encore jeu après jeu», dit-il.

Depuis 1998, les crédits d'impôt ont néanmoins coûté 491 millions de dollars aux contribuables québécois, soit en moyenne 38 millions par année. Selon le ministère des Finances du Québec, les crédits d'impôt coûteront 80 millions durant l'année financière 2010, soit 11 428$ pour chacun des 7000 employés de l'industrie.

Selon nos calculs, chaque employé paiera 8956,20$ en impôt provincial en 2010. Le manque à gagner de 2471,80$ par employé n'inquiète pas le gouvernement du Québec. «C'est un investissement qui rapporte beaucoup», dit Clément Gignac, ministre du Développement économique.

Les crédits d'impôt québécois ne sont pas les plus avantageux au pays. Le Québec offre actuellement 37,5% du coût de la main-d'oeuvre, l'Ontario et le Manitoba 40%, la Nouvelle-Écosse jusqu'à 60%. La gestion du programme de crédits d'impôt est très simple au Québec. La Colombie-Britannique se limite à payer 17,5% des coûts de main-d'oeuvre.

En plus des crédits d'impôt, le gouvernement du Québec a accordé des subventions directes de 7,5 millions à Warner Brothers et de 3,1 millions à THQ - un précédent qui a beaucoup fait jaser dans le milieu. Malgré tout, le ministre Clément Gignac ne croit pas que les studios viennent à Montréal seulement pour l'argent. «L'appui financier du gouvernement est une incitation, mais il y a aussi le talent, dit-il. Si THQ, Funcom et Warner Brothers sont venus s'établir ici durant la crise, c'est surtout à cause du talent et de la main-d'oeuvre disponible.»