Le rapport officiel sur l'emploi du mois d'août publié vendredi aux États-Unis s'est révélé bien moins mauvais que prévu, et a apaisé les craintes de rechute de l'économie américaine suscitées récemment par une succession d'indicateurs économiques maussades.

L'économie américaine a détruit le mois passé 54 000 emplois de plus qu'elle n'en a créé, a indiqué le département du Travail, alors que les analystes prévoyaient un total plus de deux fois supérieur.

Le taux de chômage officiel est remonté comme prévu de 0,1 point en août, pour atteindre 9,6%, son plus haut niveau depuis le mois de mai.

La publication de ces chiffres a fait bondir la Bourse de Paris en milieu de séance et a dopé celle de New York.

Les chiffres du ministère indiquent que l'emploi a baissé dans l'ensemble du pays pour le troisième mois d'affilée, mais que le secteur privé a continué de créer des postes, comme chaque mois depuis le début de l'année, et bien plus que prévu avec 67 000 embauches nettes.

Se basant sur ce chiffre, le président Barack Obama a évoqué des «nouvelles positives», mais a souligné que ces progrès étaient notoirement insuffisants et a plaidé pour de nouvelles mesures de relance.

A deux mois des élections de mi-mandat, le chef de la minorité républicaine de la Chambre des représentants, John Boehner, a souligné au contraire que le pays avait perdu des emplois pour le troisième mois de suite. Il a exhorté le président à «changer de trajectoire».

Comme les mois précédents, les destructions d'emplois ont résulté avant tout de la fin des contrats à durée déterminée des personnes engagées par l'État pour le recensement décennal. Etaient concernées 114 000 personnes en août.

Le ministère a revu en forte hausse le nombre des embauches nettes du privé du mois précédent. Le revers de cette bonne nouvelle est que les créations d'emplois du secteur privé apparaissent avoir nettement ralenti en août, alors que gouvernement, économistes, et investisseurs attendent de voir les entreprises prendre le relais de l'État pour soutenir la reprise.

«Somme toute, aucune nouvelle exceptionnelle, mais ç'aurait pu être bien pire», a résumé Ian Shepherdson, économiste du cabinet HFE.

«Les entreprises continuent d'embaucher, mais elle ne le font qu'avec peu d'enthousiasme», a jugé pour sa part Joel Naroff, de Naroff Economic Advisors.

Comme d'autres analystes, M. Naroff se réjouit néanmoins de la hausse de 0,2% du salaire hebdomadaire moyen, signe selon lui d'une «progression convenable des revenus». On peut espérer qu'une partie «sera dépensée», ajoute-t-il, et «il est improbable que l'économie rechute».

Sal Guatieri, économiste de BMO Capital Markets estime que les chiffres de l'emploi «vont apaiser les craintes» de rechute. Cependant «la croissance de l'emploi est encore bien trop molle pour laisser croire à autre chose qu'une croissance modeste de la consommation et de l'économie au deuxième semestre», juge-t-il.

Une succession d'indicateurs mauvais ou moins bons que prévu pour le mois de juillet (en particulier dans l'immobilier) avait ravivé les craintes concernant l'avenir de la reprise économique américaine.

Les deux premiers indicateurs d'activité du mois d'août publiés mercredi et vendredi (ceux de l'ISM) ont montré néanmoins que l'économie continue de croître, bien qu'au ralenti.