Les boutiques de location vidéo et les câblodistributeurs se sont approchés de quelques centimètres du statut de maîtres d'une ère révolue, hier, quand Steve Jobs a dévoilé la nouvelle mouture d'Apple TV, un dispositif qui permet de louer des films en ligne et de commander des émissions de télé à la pièce.

Le dispositif permet aussi de regarder des films de Netflix, le service de location de films en ligne le plus populaire aux États-Unis, et qui doit faire son arrivée au Canada cet automne.

La nouvelle Apple TV permettra de diffuser sur la télé des photos, vidéos et morceaux musicaux stockés sur un ordinateur de la maison. Les consommateurs qui possèdent un iPod Touch, un iPhone ou un iPad pourront les utiliser comme télécommande pour contrôler l'appareil. Apple a aussi réduit le prix de l'Apple TV, qui passe de 229$ à 99$US.

Bref, Apple TV crée le lien manquant entre les ordinateurs, l'internet et la télévision, sans pour autant transformer votre télé en un bureau virtuel où vous recevez vos courriels ou consultez Facebook.

«Les gens ne veulent pas utiliser leur télé comme un ordinateur, a dit Jobs durant sa présentation à San Francisco. Ils vont à leur télé pour le divertissement qu'elle procure.»

La location d'un film coûtera 4,99$US, alors les épisodes d'émissions de télé seront loués à 99 centsUS chacun, et seront livrés sans pauses publicitaires. Le marché des dispositifs qui font un hybride entre la télé et l'internet risque d'être chaud. Google a déjà annoncé l'arrivée imminente d'un produit semblable: la Google TV.

Hier, Apple a aussi dévoilé la nouvelle version de ses populaires iPod Touch. Ceux-ci sont désormais munis d'un écran plus clair, et de deux caméras, une à l'arrière pour prendre des photos et de la vidéo, et l'une à l'avant, pour permettre la vidéoconférence.

Les nouveaux iPod Nano n'ont désormais plus de roulette, et se contrôlent à l'aide d'un écran tactile de la taille d'un gros timbre poste. Steve Jobs a aussi dévoilé Ping, un réseau social qui permettra de réunir les usagers de iTunes.

La fin des câblodistributeurs?

Après avoir révolutionné le monde de la musique, Apple semble de plus en plus intéressée à jouer dans les plates-bandes des câblodistributeurs. Apple TV permet de télécharger des émissions d'ABC, Fox, Disney Channel et BBC America le lendemain de leur diffusion à la télé.

Le dispositif est-il assez performant et convivial pour inciter les consommateurs à annuler leur abonnement au câble?

Nicolas Bertrand, entrepreneur dans le domaine des médias sociaux à San Francisco, est vendu au concept. «Nous allons acheter l'Apple TV la minute où elle est disponible, explique-t-il. Et la minute suivante, j'appelle le câblodistributeur pour me désabonner.»

Il évalue que 90% de sa consommation de télé ou de films est faite via Netflix ou iTunes. «Disons que l'Apple TV va simplifier notre vie et nous faire sauver pas mal d'argent», dit-il.

Sur le site de Wired, le journaliste Brian X. Chen a aussi eu de bons mots pour l'Apple TV, qu'il a pu essayer. «Les épisodes de télé et les films apparaissent très rapidement à l'écran. Et les photos que vous diffusez ont une excellente définition sur les télévisions HD.»

Or, l'Apple TV ne répond pas à toutes les attentes. Sur l'internet, plusieurs personnes ont décrié le manque de connexion avec la radio en ligne Pandora, de loin la plus populaire aux États-Unis. Apple a souvent été réticente à permettre à des entreprises concurrentes d'évoluer sur ses plateformes.

La présence de Netflix, toutefois, semble marquer une évolution pour l'entreprise, a écrit le blogue Gizmodo. «Au moins, ils ont reçu le message: leur site iTunes n'est pas tout ce qui importe dans la vie des utilisateurs. C'est un pas en avant.»