L'Inde a annoncé lundi avoir prolongé de 60 jours l'ultimatum donné au fabricant canadien du Blackberry, Research in Motion (RIM), qui expirait mardi, faisant état de progrès dans les négociations  concernant l'accès aux données cryptées du téléphone multifonction.

«Le ministère de l'Intérieur reverra la question de la sécurité liée aux services BlackBerry d'ici 60 jours, période à laquelle le DoT (département des Télécommunications) soumettra son rapport», a déclaré le gouvernement dans un communiqué.

Cette annonce intervient à l'issue d'une rencontre à New Delhi entre le secrétaire d'État à l'Intérieur G.K. Pillai, des responsables de RIM [[|ticker sym='T.RIM'|]] , du ministère des Télécommunications et des agences de sécurité.

L'Inde avait prévenu RIM que ses services de messagerie instantanée et de courriers électroniques seraient bloqués au 31 août s'il n'autorisait pas d'ici là les services de renseignement à avoir accès aux données cryptées des messages envoyés depuis cet appareil ultra sécurisé.

Le gouvernement avait même indiqué aux opérateurs indiens de téléphonie mobile de se tenir prêts à bloquer les services incriminés.

RIM a fait «certaines propositions pour un accès légal (aux données cryptées) par une exécution de la loi concernant les agences de sécurité et elles seront rendues opérationnelles immédiatement», a indiqué le gouvernement, sans plus de précisions.

Aucun commentaire n'était disponible dans l'immédiat de la part de RIM qui a toujours insisté sur l'absence d'«accords particuliers» avec des autorités étatiques pour autoriser l'accès aux communications cryptées qui ont, selon les analystes, assuré en partie le succès commercial de ce téléphone.

Le pays, en proie à des violences séparatistes au Cachemire et à une rébellion maoïste dans de nombreux États, est particulièrement attentif aux usages possibles des nouvelles technologies depuis qu'en novembre 2008, un commando d'islamistes les a employées pour coordonner des attentats à Bombay qui avaient fait 166 morts.

La réunion lundi fait suite à plusieurs semaines de discussions entre RIM et le gouvernement sur les moyens de contrôle des données cryptées sans que le groupe ne cède sur son engagement public à ne pas aider directement les gouvernements dans le décodage de messages.

Des informations de presse faisaient état la semaine dernière d'un report possible de la date limite fixée par le gouvernement, RIM tentant de trouver à tout prix un moyen pour satisfaire les autorités.

RIM, qui a rencontré jeudi dernier des membres du gouvernement, a annoncé avoir proposé de créer un «forum sectoriel» de discussions sur la sécurité des données cryptées plutôt que d'interdire sa technologie, ce qui serait selon lui «inefficace».

RIM, qui compte environ 1,1 million d'utilisateurs du BlackBerry en Inde, a également été confronté à des menaces de blocage de ses services cryptés par les Émirats Arabes Unis et il est en négociations avec l'Arabie Saoudite sur la question de la sécurité.