Il existe une «possibilité réaliste» que les États-Unis subissent une détérioration économique de style japonais, selon David Wyss, économiste en chef de Standard & Poor's.

Les prix à la consommation aux États-Unis, en excluant les aliments et l'énergie, ont augmenté de moins de 1% pour le quatrième mois de suite en juillet dernier, indiquent des données du Département américain du travail tandis que l'inflation de base au Japon est demeurée principalement négative depuis septembre 1998.

«Je crois qu'il existe encore une possibilité réaliste que les États-Unis sombrent dans la même ornière de stagnation où s'est enlisé le Japon pendant 10, 20 ans», a soutenu hier M. Wyss au cours d'un séminaire tenu à Tokyo. «La hausse de la population aux États-Unis crée un plus grand besoin de capital, un plus grand besoin de logements, ce qui rend la déflation un peu moins probable, mais je ne suis pas certain que ce soit impossible», a-t-il ajouté.

La déflation, soit une baisse des prix généraux, accroît la valeur des paiements fixes des obligations. Les prix des titres de dette américains ont bondi cette année, poussant le taux de rendement des bons du Trésor de 10 ans à 2,53% vendredi dernier, niveau le plus bas depuis mars 2009. Les taux des titres de dette japonais comportant la même échéance sont près du niveau le plus bas depuis 2003.

Dans un rapport publié le mois dernier, James Bullard, président de la Réserve fédérale américaine de St. Louis, écrivait que les «États-Unis sont plus près d'un épisode à la japonaise qu'à tout autre moment de l'histoire récente.»

Au deuxième trimestre, le Japon a cédé à la Chine le titre de deuxième économie au monde, glissant au 3e rang. Aux États-Unis, le produit intérieur brut, le plus gros au monde, a crû de 1,4% au cours du trimestre terminé en juin, soit moins que l'essor de 2,4% rapporté le mois dernier, selon l'estimation médiane d'économistes sondés par Bloomberg. Le département américain du Commerce doit publier les données révisées vendredi.

Les économies mondiales et celle des États-Unis n'en sont encore qu'au début d'un redressement graduel, a estimé M. Wyss. «Une reprise lente est une reprise vulnérable, dit-il. C'est fragile. N'importe quel choc extérieur peut facilement transformer la situation actuelle en une autre récession.»