Les mesures d'économies budgétaires prises par de nombreux pays en Europe font peser un risque sur la croissance à court terme et sur la notation de ces États, estime lundi l'agence de notation Moody's dans son étude semestrielle sur les perspectives en Europe.

«Compte tenu de la nécessité de se tenir à des mesures d'économies strictes pour plusieurs années, Moody's estime que les craintes sur la croissance économique constituent un risque pour pour la notation des États. Ceci est particulièrement vrai en Europe, où la croissance devrait être moins élevée que dans le reste du monde», explique l'agence.

Ces craintes sur la croissance en Europe ont déjà incité l'agence à abaisser sa notation sur la Grèce, le Portugal, l'Espagne, l'Irlande et hors zone euro, sur la Hongrie, plus récemment, rappelle-t-elle.

Revenant sur la situation de la Grèce, reléguée en catégorie spéculative en juin, Moody's justifie sa démarche en rappelant que le risque de défaut du pays était mince mais «pas inexistant».

Concernant l'avenir du pays, les analystes de l'agence estiment que la stabilisation de la dette grecque pourrait se faire avant 2013, même si leur scénario de base retient l'hypothèse d'une stabilisation - autour de 150% du PIB - en 2013 avant de se réduire.

Le plan d'aide du Fonds monétaire international (FMI) comprend «un grand nombre de réformes structurelles qui pourrait améliorer la compétitivité du pays et son potentiel de croissance à moyen terme», souligne l'étude.

Concernant l'Espagne, qui bénéficie d'un triple A, mais a été placée sous surveillance négative en juin également, Moody's rappelle que le défi budgétaire du pays est plus important que pour les autres États bénéficiant de cette notation.

L'agence s'inquiète des conséquences des futures levées de fonds du pays à moyen terme même s'il n'a pas de crainte en termes d'accès au marché du crédit.

Les craintes sur la croissance pèsent également, dans une moindre mesure, sur la France, l'Allemagne et la Grande-Bretagne qui bénéficient actuellement du triple A, même si ces notes sont «bien ancrées», souligne l'agence.

Moody's avait averti mardi dernier que ces pays pourraient perdre leur note ou du moins se rapprochaient d'une dégradation, en raison de leurs difficultés budgétaires.

«Le plus important pour une agence de notation est d'évaluer si la rigueur budgétaire va continuer à peser sur la croissance économique dans les années à venir», indique l'étude publiée sur le site internet de Moody's. Et de rappeler que de nombreux pays tablent sur des mesures de rigueur jusqu'en 2013.

«Nous surveillerons attentivement les voies choisies par les gouvernements et leur potentiel à générer de la croissance», souligne l'agence de notation.

Autres défis à relever pour les États européens, selon Moody's: le risque de déflation et à plus long terme, le vieillissement de la population. Même si la crise n'a rien changé à cette dernière question, «les gouvernements vont devoir se pencher sur ce dossier, plus affaiblis qu'auparavant».