Le géant américain des microprocesseurs Intel (INTC) va s'offrir le numéro un mondial des antivirus McAfee (MFE) pour 7,68 milliards de dollars, signe d'une nouvelle ère pour la sécurité informatique qui devrait désormais s'intégrer directement au coeur des puces électroniques.

Intel a annoncé jeudi qu'il allait racheter les actions de McAfee pour 48$, soit une prime de 60% par rapport au cours de clôture de mercredi.

L'action du fabricant d'antivirus et de pare-feu informatiques bondissait de 57,17% à 47,04$, celle d'Intel cédait 3,37% à 18,92$ vers 14h30 à la Bourse de New York.

«Chaque fois que nous vendons un microprocesseur, il y a une occasion de vendre de la sécurité informatique», a expliqué le directeur général d'Intel, Paul Otellini, lors d'une conférence téléphonique.

Intel estime que l'offre actuelle de sécurité informatique «ne répond pas totalement aux besoins de milliards de nouveaux appareils qui se peuvent se connecter sur internet, y compris les appareils mobiles ou dotés d'une connexion sans fil, les télévisions, voitures, appareils médicaux et distributeurs de billets».

Il a relevé l'envolée des attaques informatiques qui prennent de formes «de plus en plus sophistiquées». Le groupe veut donc, grâce à son mariage avec McAfee, offrir des systèmes de protection en s'appuyant sur «une approche nouvelle qui inclut les logiciels, les disques durs et les services».

Le géant des semi-conducteurs, qui collaborait déjà avec McAfee, devrait chercher à renforcer dans ses produits la protection offerte par les logiciels.

Cette alliance «change la donne dans le secteur», estime Jon Ogg, du site d'analystes 24/7wallst.Com.

Mardi, un autre fabricant de «hardware», le numéro un mondial des ordinateurs Hewlett-Packard, avait déjà fait part de l'acquisition d'un fabricant de logiciels de sécurité informatique, Fortify, pour un montant non divulgué.

«C'est le début d'une ère de sécurité sur microprocesseurs», juge Carmi Levy, analyste technologique indépendant. Intel, qui domine très largement le marché mondial des puces électroniques, compte prendre encore de l'avance sur le numéro deux AMD, en offrant dans ses produits «une valeur ajoutée importante», explique-t-il.

En outre, le groupe signale avec cette opération que «ses activités centrales vont migrer» vers les appareils mobiles, alors que celui des PC et ordinateurs portables arrive «à maturité», poursuit M. Levy.

Après le feu vert des actionnaires, qui sont principalement des fonds d'investissement, la transaction devra être approuvée par les autorités de régulation concernées, dont celles de la concurrence.

Les annonces la même semaine d'Intel et de HP pourraient raviver l'intérêt d'investisseurs pour d'autres groupes de sécurité, comme Symantec.

Le rachat de McAfee montre «la vitalité de ce secteur», s'est réjoui le PDG de Panda Security, un autre groupe de sécurité informatique.

Plus critique, la maison de recherche Global Equities Research a qualifié le rachat de «décision idiote», étant donné le lancement de système de sécurité dématérialisés par Microsoft, Google, Amazon, entre autres. «Si ces services dématérialisés deviennent populaires, McAfee et Symantec deviendront encore moins pertinents», ajoute-t-elle dans une note, estimant qu'Intel a peut-être lancé cette acquisition pour «générer de la croissance (externe) ou pour maintenir ses marges».

McAfee, qui a son siège à Santa Clara, a enregistré un chiffre d'affaires d'environ deux milliards de dollars en 2009 et emploie 6100 personnes.