La récente crise économique a réduit le recours aux services réguliers de soins de santé aux États-Unis, et cette réduction a été bien plus marquée que dans les pays disposant de systèmes universels de soins de santé, indiquent des chercheurs dans un nouveau rapport.

L'étude, publiée par le National Bureau of Economic Research, fait ressortir que les «Américains, qui doivent payer davantage de leur poche pour les soins de santé, ont réduit leur recours aux soins de santé habituels» beaucoup plus que les habitants de la Grande-Bretagne, du Canada, de la France et de l'Allemagne.

Les particuliers et les familles dans ces cinq pays ont perdu des revenus à cause du chômage et de la richesse envolée en raison de la chute des actions à la Bourse.

«Nous avons relevé des preuves évidentes que la crise économique, qui s'est traduite par des pertes d'emplois et de richesse, a mené à une réduction du recours aux soins de santé habituels», ont indiqué les chercheurs.

«Les réductions dans les recours aux soins de santé ont été beaucoup plus importantes aux États-Unis qu'ailleurs», ont-ils dit en partie, parce qu'environ 15% des Américains ne sont pas assurés, alors que les autres pays offrent une couverture presque universelle.

Les chercheurs de Dartmouth College, de l'Université Princeton et du Harvard Business School ont analysé des données recueillies lors de sondages élaborés avec leur aide et menés dans les cinq pays par TNS, une société spécialisée dans la recherche sur les marchés mondiaux.

Parmi les Américains qui ont répondu au sondage, 26,5% ont indiqué qu'ils avaient réduit le recours aux soins de santé habituels depuis le début de la crise économique mondiale en 2007.

Cette proportion est bien supérieure à celle observée dans les autres pays, soit 5,3% au Canada, 7,6% en Grande-Bretagne, 10,3% en Allemagne et 12% en France.

«Même dans les pays offrant une couverture universelle, les gens assument certains coûts de soins de santé de leur poche», notent les chercheurs.

Les réductions vont essentiellement de pair avec l'importance des coûts à payer par les utilisateurs, ont découvert les chercheurs. La proportion des personnes qui ont réduit leur recours aux soins de santé habituels a été plus faible au Canada et en Grande-Bretagne, où les quotes-parts sont plus modestes, qu'en France et en Allemagne, où les quotes-parts exigées des utilisateurs sont plus importantes.

Pire pour certains

Règle générale, soulignent les chercheurs, les réductions dans le recours aux soins de santé habituels étaient plus susceptibles d'être observées chez les jeunes gens, chez les personnes ayant des revenus moindres et chez ceux qui ont perdu une importante part de leur richesse au cours de la dernière crise économique.

Certaines dispositions de la nouvelle loi sur les soins de santé signée par le président Obama en mars dernier pourraient contrer la tendance décrite dans le rapport des chercheurs.

On s'attend à ce que d'ici 2019, la loi fournisse une couverture à plus de 30 millions d'Américains qui ne sont pas assurés à l'heure actuelle.

La loi permettra de subventionner la couverture des ménages dont les revenus équivalent à quatre fois le niveau de pauvreté (soit 88 200$US par année pour une famille de quatre personnes), et les assureurs n'auront pas le droit d'exiger des franchises ou des quotes-parts pour des services de prévention recommandés telles que des mammographies, des coloscopies et des immunisations.

- D'après le New York Times