Conséquence de la grave sécheresse qui frappe le pays depuis plusieurs mois, le prix du pain a commencé à monter en flèche à Moscou, annonçant une accélération généralisée de l'inflation, un fléau récurrent en Russie.

En l'espace de quelques jours, la miche de pain de 380 grammes vendue sur les marchés de Moscou a connu une hausse de pas moins de 20%, passant de 15 roubles (0,52 cent CAN) à 18 roubles (0,62 cent CAN).

Sur leurs vitrines, certains magasins moscovites se sont mis à afficher des annonces à l'intention des clients sur l'augmentation des prix des produits à base de céréales.

«En raison de la hausse des prix de la farine (le fournisseur a annoncé une hausse de 30 à 50% en fonction de la catégorie), les prix des produits de la panification vont augmenter en moyenne de 12%», explique ainsi sur sa devanture une échoppe située dans le sud de la capitale russe.

«Deux fournisseurs sur trois ont augmenté leurs prix, qui ont grimpé de 12 à 15%. Nous avons été obligés d'augmenter les prix de vente sur les produits de la panification», a témoigné de son côté le vendeur d'un magasin, interrogé par l'agence Ria Novosti.

Les produits céréaliers sont les premières victimes de la grave sécheresse qui touche la Russie depuis le mois d'avril et qui a été aggravée depuis début juillet par une canicule sans précédent.

Tandis qu'au moins 10,7 millions d'hectares de cultures ont déjà été détruits, soit plus d'un cinquième des surfaces cultivées du pays, l'état d'urgence a été décrété dans 27 régions agricoles, essentiellement situées dans la partie européenne de la Russie, où se situe le «tchernoziom», une terre noire particulièrement fertile.

Dans ce contexte, le gouvernement a abaissé à plusieurs reprises les prévisions de récolte de céréales pour 2010. Lundi, le premier ministre Vladimir Poutine a indiqué qu'elles étaient une nouvelle fois révisées à 60-65 millions de tonnes, alors que le pays se targuait en 2009 d'une moisson record de 97 millions de tonnes.

La semaine précédente, il avait décrété un embargo sur les exportations de grains afin notamment d'empêcher un gonflement des prix intérieurs.

Car la situation pourrait rapidement devenir critique pour les autorités russes: la consommation intérieure de céréales en Russie est d'environ 77 millions de tonnes en moyenne, et les réserves du pays s'élèvent à moins de 10 millions de tonnes.

Mercredi, la ministre de l'Agriculture, Elena Skrynnik, s'est voulue rassurante. «Toutes les mesures mises actuellement en oeuvre nous laissent espérer que nous satisferons la demande en céréales du pays», a-t-elle déclaré, citée par Interfax.

Malgré ces assurances, le gouvernement a fort à faire, d'autant plus que d'autres produits alimentaires pourraient connaître une hausse des prix dans les semaines à venir, provoquant de fait une accélération de l'inflation, un mal que la Russie commençait à peine à contenir, préviennent certains experts.

À l'image de la banque ING qui a d'ores et déjà relevé ses pronostics pour 2010 et 2011, s'attendant à une hausse de 8,5% et 9,5-10% des prix à la consommation, contre respectivement 6,8% et 7,6% anticipés auparavant.

«Les prix du pain et autres céréales réagissent traditionnellement assez rapidement, tandis que les effets sur les pâtes et les produits laitiers n'apparaissent qu'au bout d'environ trois mois», explique-t-elle dans une note, ajoutant que les prix de la viande et de la volaille n'augmentent en général que dans les six à douze mois suivants.

Face à ce risque, les autorités du pays ont annoncé leur intention de plafonner les prix d'une vingtaine de produits alimentaires.