Quand les meilleurs du monde parcourront les sentiers rocailleux du mont Sainte-Anne, à la fin du mois, ce sera la 20e fois en autant d'années que la montagne de Beaupré accueillera l'élite du vélo de montagne. Belle occasion de mesurer le chemin qu'a parcouru Gestev, petite entreprise qui gère aujourd'hui des budgets de manifestations de 5 à 10 millions de dollars par année, et qui a ajouté à son calendrier la Coupe du monde de surf des neiges et le Red Bull Crashed Ice.

«Organiser des événements, ça se fait sans compromis, il faut «livrer», on ne peut pas compter les efforts», dit Patrice Drouin, PDG de l'entreprise établie au pied du mont Sainte-Anne.

Ne pas compter les efforts, voilà une attitude qu'on trouve sans doute chez les 800 athlètes qui participeront au Championnat du monde de vélo de montagne et de trial, du 30 août au 5 septembre. Plus de 100 000 personnes sont attendues. La compétition est deux fois plus importante que la manche de la Coupe du monde tenue annuellement au mont Sainte-Anne, et sera précédée comme à l'habitude du Vélirium, trois fins de semaine d'activités dans la région de Québec.

«De belles courses»

Derrière le guidon de la manifestation se trouve Gestev, boîte fondée en 1992 par Patrice Drouin et Chantal Lachance (aujourd'hui vice-présidente et directrice de l'exploitation). Le premier, pionnier du vélo de montagne, participe à cette époque à la mise en place du circuit mondial de la discipline. Mont-Sainte-Anne reçoit une Coupe du monde en 1991, Bromont le championnat du monde en 1992. Les deux comparses mènent les barques à bon port.

«Ç'a commencé gros, concède aujourd'hui Chantal Lachance. Mais nous voulions seulement faire de belles courses, pas commencer une carrière.»

C'est pourtant ce qui est arrivé. Les deux fondateurs quittent rapidement leur emploi pour se consacrer à Gestev. Dans les premières années, parallèlement à l'étape de la Coupe du monde du mont Sainte-Anne, ils parcourent la planète pour organiser des courses ou agir à titre de consultants.

«En 1997, on trouvait les hivers longs, raconte Patrice Drouin. Et on voulait se diversifier un peu.» Gestev attire donc à Stoneham une étape de la Coupe du monde de surf des neiges - le Championnat du monde viendra en 2013.

Gestev fait aussi une double percée dans le milieu culturel et dans le milieu urbain avec les Fêtes de la Nouvelle-France, organisées par Gestev jusqu'en 2006. «Créer les Fêtes nous a permis d'avoir plus de connaissances et de contacts en milieu urbain, explique Patrice Drouin. Ça nous a aidés pour les événements suivants.»

Pour attirer les gens à la montagne pour le vélo ou le surf des neiges, Gestev a mis sur pied de petites activités promotionnelles en ville. Jusqu'à installer le big air de surf des neiges (une mégaplateforme de saut) entre deux bretelles d'autoroute à l'entrée du centre-ville.

Crashed Ice... à Montréal

Au milieu des années 2000, Red Bull sonde Gestev pour organiser le Crashed Ice, compétition jusque-là strictement européenne qui regroupe des patineurs vêtus d'un équipement de hockey dévalant une pente glacée.

Le géant des boissons énergétiques demande à Gestev d'organiser une épreuve du genre... à Montréal. Mais il n'y avait pas de lieu idéal et il aurait fallu deux ans pour obtenir les permissions afin de bloquer certaines artères importantes. «Mais nous n'avions que quelques semaines devant nous», se souvient Patrice Drouin.

Red Bull accorde à Gestev une semaine pour voir ce qui peut être fait dans la Vieille Capitale. Le Red Bull Crashed Ice a été un grand succès dès la première année, avec «un public endiablé» de 50 000 personnes, notent les dirigeants de Gestev.

«À Québec, c'est jamais non»

La fête ne devait avoir lieu qu'une seule fois. Elle est plutôt devenue un rendez-vous annuel qui a attiré 120 000 amateurs en 2010, et une très belle carte de visite pour l'entreprise. De même que pour la ville de Québec. «Cette compétition-là a vraiment placé Québec sur la scène internationale en tant que ville ouverte à accueillir des événements en ses murs, soutient Patrice Drouin. À Québec, c'est jamais non.»

La métropole, pour l'instant, reste dans l'antichambre des projets de Gestev. «Pour Montréal, on attend seulement la bonne idée, répond Patrice Drouin. Il faut le bon concept pour faire sortir les gens.»

Peut-être le Red Bull Air Race, course d'avions que la Ville de Montréal a déjà tenté d'attirer. D'autant plus que Gestev et Red Bull se connaissent déjà bien. Pour l'instant, l'étape canadienne de la tournée a lieu à Windsor, en Ontario. Mais advenant que Montréal obtienne une course, «on pourrait participer en tant que gestionnaire local», affirme Patrice Drouin.

Entre-temps, l'entreprise veut obtenir une épreuve de la Coupe du monde de BMX à Québec. Elle a aussi manifesté son intention de présenter une candidature pour les Championnats du monde de vélo de route en 2015. De manifestation en manifestation, elle acquiert une expertise que ne renierait sûrement pas un comité organisateur de Jeux olympiques.

GESTEV EN BREF

32 employés permanents, 80 employés saisonniers ou à contrat

- Budgets de manifestations : 5 à 10 millions par année, parfois jusqu'à 12 millions

- Activités :

- Gestion d'événements

- Production télévisuelle

- Services d'activités promotionnelles

- Gestion du lieu récréo-nautique de la baie de Beauport