Les Blackberry ne seront pas interdits en Arabie Saoudite. Un responsable de l'autorité saoudienne des télécommunications a annoncé samedi qu'un accord a été trouvé avec le fabricant canadien de ces téléphones mobiles, Research in Motion (RIM), en vue de continuer à autoriser leur utilisation dans le pays.

Cette annonce pourrait avoir des répercussions dans plusieurs autres pays, comme l'Inde et les Emirats arabes unis (EAU). Ceux-ci ont exprimé leurs préoccupations face à l'absence de contrôle des données transitant sur Blackberry, invoquant des raisons de «sécurité nationale» et s'inquiétant d'une possible utilisation des téléphones à des fins criminelles ou terroristes.

Contrairement à d'autres «smartphones» («téléphones intelligents»), RIM actualise la boîte de réception de ses utilisateurs en utilisant des messages cryptés transitant par les serveurs du fabricant canadien à l'étranger, notamment au Canada. Selon les spécialistes, les messages ainsi échangés sont plus difficiles à contrôler que ceux passant par des serveurs nationaux, que les autorités locales peuvent placer sur écoutes.

D'après le responsable saoudien des télécoms, qui a requis l'anonymat, l'accord conclu prévoit précisément l'installation par RIM d'un serveur en Arabie saoudite, ce qui permettra aux autorités de surveiller les conversations téléphoniques, SMS ou courriels transitant sur les messageries des téléphones. Des tests sont actuellement réalisés dans ce sens, a-t-il précisé. L'autorité saoudienne de régulation des télécommunications avait annoncé mardi la prochaine suspension du service de messagerie Blackberry dans le royaume wahhabite, faute de possibilité d'intercepter ses contenus.

Le ministre canadien du Commerce international Peter Van Loan avait confirmé vendredi l'existence de discussions avec RIM et les autorités saoudiennes pour tenter d'éviter une interdiction.

RIM n'a pas souhaité faire de commentaires. Présent dans 175 pays, le fabricant canadien est un des principaux acteurs du marché, en pleine expansion et fortement concurrentiel, des «téléphones intelligents». Ces véritables petits ordinateurs de poche sont capables de téléphoner, servir d'organisateur personnel, de messagerie instantanée, consulter et envoyer des courriels, naviguer sur le web, etc.

Le Blackberry est particulièrement prisé des hommes d'affaires, qui apprécient la sécurité offerte par le cryptage des messages dans les versions «corporate» de l'appareil. Celles destinées au grand public utilisent un niveau de sécurité moins élevé.

On compte selon la presse saoudienne quelque 750 000 utilisateurs au royaume wahhabite, où ce «smartphone» est particulièrement populaire chez les jeunes et dans le monde des affaires. La discrétion des messages est une façon d'échapper à la surveillance étroite des autorités et certains commentateurs estiment que l'Arabie saoudite avance le prétexte du terrorisme pour réprimer encore un peu plus la liberté d'expression.

Les Emirats arabes unis, de leur côté, ont annoncé dimanche dernier qu'ils bloqueraient en octobre les fonctions messagerie, e-mail et Internet des téléphones Blackberry pour des raisons de «sécurité nationale» jusqu'à ce qu'une «solution acceptable puisse être mise au point et appliquée». L'Indonésie et l'Inde exigent également un plus grand pouvoir de contrôle des données.