Research In Motion (T.RIM) a présenté hier à New York son dernier modèle, le BlackBerry Torch, le même jour où l'Arabie Saoudite ordonnait la suspension des services du fabricant ontarien dès la fin de la semaine.

Les Émirats arabes unis (EAU) et l'Arabie Saoudite s'inquiètent des entraves à la sécurité que poseraient des services de messagerie sur les BlackBerry. Le régulateur des télécommunications saoudiennes a annoncé hier qu'il avait ordonné une suspension des services de BlackBerry à partir de vendredi après que le fabricant n'eut pas satisfait à ses exigences, selon un communiqué publié par l'agence officielle SPA.

Aucun dirigeant de RIM n'était disponible à l'issue de la présentation du Torch, un appareil à écran tactile et clavier coulissant, pour évoquer les «discussions» en cours avec les autorités de ces pays. Plus tard en journée, l'entreprise a nié avoir accordé de quelconques privilèges à certains pays, comme l'affirment des responsables émiratis, assurant que les données personnelles de ses clients sont protégées partout de la même manière.

Le BlackBerry Torch doit sortir le 12 août aux États-Unis avec pour exploitant exclusif AT&T, qui le vendra 199$US avec un forfait de deux ans. Au Canada, Bell, Rogers et TELUS ont tous dit avoir l'intention de proposer le Torch à leurs clients. Du groupe, Rogers s'est montré le plus précis quant à ses plans, affirmant qu'un lancement de l'appareil aurait lieu «au cours des semaines à venir».

Le Torch est doté d'un nouveau système d'exploitation, BlackBerry 6, se voulant familier pour les habitués de la marque, intuitif pour les nouveaux utilisateurs et plus puissant.

Principale innovation, la fonction «recherche universelle», permet de rechercher des mots dans toutes les applications de l'appareil, courriels, contacts, applications, etc.

Le nouvel appareil n'a visiblement pas soulevé l'enthousiasme des investisseurs: le titre de RIM a perdu 4%, à 56,77$, à la Bourse de Toronto.

Inquiétudes

Les EAU ont décidé de suspendre à partir du 11 octobre les principaux services du téléphone multimédia BlackBerry, jugés non conformes aux législations en vigueur dans le pays et qui poseraient des problèmes de sécurité.

En Arabie Saoudite, des discussions sont en cours avec les réseaux de téléphonie mobile locaux sur une adaptation des services du BlackBerry à la réglementation locale.

Les investisseurs s'inquiètent également des difficultés à contrer l'engouement pour l'iPhone d'Apple et les téléphones utilisant le système d'exploitation Android conçu par Google, la part de marché du système BlackBerry s'érodant lentement même s'il reste numéro un des téléphones intelligents aux États-Unis.

Lundi, l'institut Nielsen a publié une étude montrant que, parmi les utilisateurs américains de ces trois systèmes, ceux des BlackBerry (35% du total) sont les moins fidèles.

Seulement 42% des utilisateurs de BlackBerry voudraient que leur prochain appareil soit de la même marque, 29% espérant un iPhone et 21% un Android. Par comparaison, 71% des utilisateurs d'Android comptent rester fidèle au système, et la fidélité des amateurs de l'iPhone atteint 89%.

Réseaux sociaux

RIM, qui a fondé sa puissance en cultivant une clientèle professionnelle, confirme avec le nouveau Torch qu'il s'intéresse aussi à une clientèle adepte de réseaux sociaux et de vidéos.

L'appareil, sensiblement du même poids et de la même taille que le Bold, un appareil récent du groupe, permet d'intégrer des flux Facebook et Twitter à la messagerie, et contient une application «mobiTV» permettant de regarder des émissions de télévision en temps réel.

Certains analystes financiers, comme Tero Kulttinen, de la maison de courtage MKM Partners, ont salué plusieurs bonnes surprises, comme la date de sortie de l'appareil qui pourrait gonfler les ventes de RIM dès ce trimestre.

Mark Tauschek, directeur de la recherche chez Info-Tech Research Group, a quant à lui estimé que le nouvel appareil représentait un important pas en avant pour RIM et permettrait à l'entreprise de demeurer concurrentielle sur le marché des téléphones intelligents. Mais RIM n'a pas été en mesure de devancer Apple et de réellement frapper l'imagination avec son annonce, a-t-il ajouté.

De nombreux commentateurs spécialisés dans les technologies étaient plus dubitatifs, doutant que RIM ait beaucoup à gagner en cultivant une clientèle non professionnelle, notamment parce que l'esthétique reste trop classique pour en faire un gadget à la mode.