Après avoir galopé au premier trimestre, l'économie canadienne adoptera un pas moins essoufflant pour le reste de l'année et en particulier au cours de l'été, en raison surtout d'un entrain moins vif du consommateur.





Les autorités monétaires entendent néanmoins poursuivre la normalisation graduelle du loyer de l'argent, toujours exceptionnellement faible.



Les nouvelles prévisions trimestrielles de la Banque du Canada contenues dans son dernier Rapport sur la politique monétaire (RPM) supposent que le produit intérieur brut réel aurait augmenté de 3,0% en rythme annuel, d'avril à mars, comparativement à une projection de 3,8% dans le RPM d'avril.

«Les dépenses de consommation se sont modérées, alors que les investissements dans le logement se sont contractés de façon marquée, y lit-on. Par opposition, la reprise des investissements des entreprises devrait s'être amorcée, à la faveur de la hausse des achats de machines et de matériel associée en partie au redressement du secteur pétrolier.»

Les chiffres officiels ne seront connus qu'à la fin du mois d'août. En avril, le PIB réel mesuré par industrie avait stagné pour une première fois après sept mois de croissance soutenue d'affilée, dont un très fort mois de mars qui aura donné un bel élan au deuxième trimestre.

En avril, les ventes au détail avaient plongé de 2,2%. En mai, leur valeur a de nouveau reculé de 0,2% bien que les volumes soient en hausse. Cela contraste avec les poussées de 8,4%, 6,2% et 9,2% de l'été, de l'automne et de l'hiver derniers. «Heureusement, une faible baisse des ventes au détail ne se traduit pas forcément par un marasme de la consommation puisque les services ne sont pas pris en compte dans les chiffres mensuels de vente», fait remarquer Matthieu Arseneau, économiste à la Banque Nationale.

Durant l'été, le rythme annuel de croissance du PIB devrait ralentir à 2,8% avant d'accélérer légèrement jusqu'à 3,2% durant l'automne. En avril, la Banque prévoyait une expansion de 3,5% en glissement annuel pour tout le deuxième semestre.

Cette révision à la baisse s'explique en partie par l'étonnante poussée de l'économie durant l'hiver et par un certain ralentissement de l'expansion mondiale, en Europe en particulier.

La Banque estime ainsi que la crise de la dette souveraine va amputer 0,1% à la croissance de la zone euro cette année et jusqu'à 0,8% en 2011 et 2012. Pour le Canada, elle va retrancher d'un à trois dixièmes par année d'ici la fin de 2012.

La Banque accorde un degré de probabilité très faible de rechute de l'économie américaine en récession, une perspective qui sème l'émoi parmi les investisseurs ces jours-ci.

Néanmoins, elle ramène de 3,1% à 2,9% sa prévision de croissance aux États-Unis cette année et de 3,5% à 3,0% celle de l'an prochain.

Pour le Canada, ses prévisions sont respectivement de 3,5% et 2,9%.

Les Canadiens auront l'impression que la croissance sera plus élevée en raison de termes de l'échange favorables. Comme les prix de ce que nous exportons augmenteront plus vite que ceux de ce que nous importons, le revenu intérieur brut réel augmentera de 5,7% cette année.

L'économie canadienne connaît son creux de croissance durant la saison estivale en raison du retrait progressif des stimuli fédéraux, du devancement d'achats dans l'immobilier résidentiel et les biens durables qui y sont associés et du retard pris par les entreprises dans la relance de leurs investissements.

Pour le premier semestre de 2011, l'expansion se fera au rythme annuel de 3% avant de ralentir, mais moins vite que ce à quoi la Banque s'attendait au printemps.

L'économie ne retrouvera son plein potentiel qu'à la fin de l'an prochain. Entre-temps, le rythme d'inflation sera contenu aux environs de 2%, malgré les fluctuations à court terme associées à l'introduction de la taxe de vente harmonisée en Ontario et en Colombie-Britannique et à l'augmentation d'un point de la taxe de vente au Québec, le 1er janvier. «Cette projection intègre une réduction graduelle de la détente monétaire compatible avec la réalisation de la cible d'inflation», prévient la Banque. Elle a augmenté à 0,75% son taux cible, mardi.

La Banque fait enfin l'hypothèse que le dollar canadien s'échangera contre 96 cents américains d'ici la fin 2012, moins que les 99 cents de son scénario précédent. Cela devrait stimuler quelque peu les exportations et ralentir aussi les importations.