Tant au Canada qu'aux États-Unis, les déficits commerciaux se sont aggravés d'avril à octobre, mais pour la bonne cause. Les exportations ont augmenté de part et d'autre de la frontière, mais moins vite que les importations. C'est un signe que la demande intérieure continuait de se rétablir, tout comme les échanges commerciaux internationaux.

Notre déficit commercial est passé de 330 à 503 millions de dollars, d'avril à mai, a indiqué hier Statistique Canada, tandis que le département du Commerce annonçait que celui des États-Unis avançait de 40,3 à 42,3 milliards US.

Au Canada, les augmentations des ventes à l'étranger étaient généralisées, mais le bond le plus spectaculaire est venu du secteur automobile avec une poussée de 20,8%.

La valeur des exportations dans ce secteur est la plus élevée depuis deux ans. Le déficit commercial de ce segment d'activité diminue de mois en mois. Il est passé de 1,6 milliard en janvier à tout juste 500 millions en mai, ce qui montre que les Américains sont de nouveau preneurs de carrosseries canadiennes.

Dans l'ensemble, la valeur des exportations était en hausse de 5,2%, leurs volumes de 3,9%. «La poussée des exportations présage d'une hausse significative des ventes des manufacturiers durant le mois», selon Krishen Rangasamy, économiste chez CIBC. Ces chiffres seront connus demain.

Perturbations volcaniques

Si les exportateurs retrouvent des débouchés pour leurs biens et renouent en particulier avec le marché européen perturbé en avril par l'éruption d'un volcan islandais, les biens de consommation et d'investissements trouvent encore davantage preneur chez nous.

Voilà pourquoi la valeur des importations et leurs volumes ont crû encore plus vite et creusé davantage le déficit commercial.

«L'activité commerciale, (soit) la somme des exportations et des importations, a atteint son niveau le plus élevé depuis décembre 2008, signe que le commerce de marchandises s'est bien rétabli», note Marco Lettieri, économiste à la Banque Nationale.

Les entreprises ont acheté davantage d'équipement et d'autres biens industriels, signe qu'elles cherchent à accroître leurs capacités ou leur productivité. «Si ce type d'importations ne faisait que stagner en juin, leurs volumes seraient en passe de bondir de près de 40% en rythme annuel, estime Douglas Porter, économiste en chef adjoint chez BMO Marchés des capitaux. Il s'agit du gain trimestriel le plus rapide depuis les années 80.»

Aux États-Unis, l'ampleur du déficit a surpris quelque peu, mais il n'aura pas déçu, car les ventes à l'étranger ont quand même augmenté. Moins vite cependant que les importations qui sont maintenant en progression de 29,1% depuis le début de l'année.

Les importations d'Inde ont fracassé un record.

Juste avec la Chine, le déficit commercial a atteint 22,3 milliards au cours du mois, un chiffre qui pourrait fort bien continuer d'augmenter. Durant le week-end, Pékin a fait état d'un surplus commercial de 20 milliards en juin, un sommet. Fait des plus intéressants, il est le résultat de nouveaux records d'exportations et d'importations. Là aussi la demande intérieure reste forte.

Le déficit commercial qui résulte de la robustesse des échanges commerciaux amputera la croissance du produit intérieur brut au deuxième trimestre des deux côtés de la frontière.

En revanche, la hausse des achats d'équipements et de biens de consommation témoigne d'une demande intérieure qui compensera ce recul.