Tout comme le Fonds monétaire international (FMI), Banque Nationale Groupe financier mise sur une croissance forte de l'économie mondiale dont le Canada va tirer partie.

Dans ses prévisions estivales, l'institution montréalaise prédit une croissance mondiale de 4,4%, grâce à la solide poussée des pays émergents. Règle générale, ils ont déjà amorcé leur phase d'expansion économique du présent cycle.

«Avec le recul du poids de la zone euro à 14% du PIB mondial, les difficultés européennes sont largement compensées par la reprise à la vitesse grand V du commerce international et la forte poussée des économies asiatiques», écrivent les économistes de la Nationale.

Le Canada va en profiter en tant qu'exportateur de matières premières, mais les difficultés relatives du consommateur américain vont néanmoins contenir son commerce extérieur.

C'est avant tout la demande intérieure qui permettra à notre économie de croître de 3,6% cette année, grâce surtout aux rebonds de l'Ontario, de la Saskatchewan, de l'Alberta et de la Colombie-Britannique, plus touchés que le Québec par la dernière récession.

Voilà pourquoi la société distincte va connaître une avancée de son PIB de 2,8%, sa meilleure depuis 2007, qui va suffire à la faire entrer en phase d'expansion avant la plupart des provinces. (Seule la toute-puissante Île-du-Prince-Édouard a échappé à la contraction économique l'an dernier.)

Le Canada est aussi bien placé pour amorcer sa phase d'expansion en deuxième moitié d'année. À l'heure actuelle, son produit intérieur brut réel (qui exclut les effets de l'inflation) est à 0,4% de son pic du dernier cycle, soit le troisième trimestre 2007. Les États-Unis en sont encore à une distance de 1,1%.

Sa demande intérieure, qui inclut les dépenses de consommation, des entreprises et des gouvernements ainsi que la construction résidentielle, est déjà en expansion alors que nos voisins en sont à 2,5% de distance.

Par-dessus tout, c'est la reprise de l'emploi qui fait la différence. Au Canada, nous sommes à 0,8% du sommet, aux États-Unis à 5%.

Dans la moitié des provinces, dont le Québec, tous les emplois perdus ont été récupérés. Ce ne sont pas forcément les mêmes: le secteur des services est en expansion, mais celui des biens accuse encore un retard prononcé, en particulier en usines.

Ce qui distingue aussi le Canada des autres puissances occidentales, c'est l'ordre relatif de ses finances publiques tributaire du grand ménage des années 90. Le plan de relance d'Ottawa n'a pas plombé son budget. L'austérité prévue pour l'an prochain laissera nos finances publiques dans une situation qui fera l'envie des États-Unis et du Royaume-Uni, pour ne parler que d'eux.

Elle aura cependant un prix. La croissance sera plus lente en 2011, à hauteur de 2,1% à l'échelle canadienne.

Le Québec va sans doute tirer son épingle du jeu avec une expansion de 2,3%, ce qui sera davantage que l'Ontario et la Colombie-Britannique.

Le déficit commercial du Québec lui fait beaucoup de tort, même s'il peut espérer une reprise de l'industrie aéronautique. En revanche, la demande intérieure viendra une fois de plus assurer une certaine expansion d'autant que les entreprises devraient se remettre à investir, compte tenu du retard qu'elles accusent à ce chapitre.