Le Monde n'est plus branché sur un respirateur artificiel. Le quotidien français, en difficulté financière depuis deux ans, a ses sauveteurs. Hier soir, la Société des rédacteurs du journal Le Monde (SRM) a, en principe, remis son journal entre les mains des investisseurs Matthieu Pigasse (directeur de la banque Lazard Europe), Pierre Bergé (mécène) et Xavier Niel (fondateur du groupe de télécommunications Illiad).

Leur offre de reprise a été préférée à celle d'un autre trio d'investisseurs formé de Claude Perdriel (propriétaire du Nouvel Observateur), de France Telecom-Orange et du groupe médiatique espagnol Prisa (déjà actionnaire du Monde).

Le vote a eu lieu hier après-midi. La SRM a favorisé à 90,84% le premier trio. Tous les cadres et presque tous les employés du Monde ont voté de façon semblable. Une décision qui, selon eux, assure une indépendance éditoriale.

Aujourd'hui, le conseil de surveillance du groupe se réunit pour officiellement choisir le repreneur du quotidien. Sitôt élu, celui-ci devra «avancer 10 millions d'euros pour pallier les difficultés de trésorerie du groupe et engager des négociations exclusives sur la recapitalisation, qui devraient se conclure à la fin de l'été», a écrit LesEchos.fr.

Matthieu Pigasse sera donc désormais à la tête du quotidien né en 1944, que cela fasse l'affaire ou non de Nicolas Sarkozy. Dernièrement, le président de la République avait fait savoir au directeur Éric Fottorino qu'il ne voyait pas d'un bon oeil le rachat du Monde par l'actionnaire principal du magazine Les Inrockuptibles (Pigasse), moins de droite que lui.

La somme exacte avancée n'a pas été dévoilée, mais, au début de la semaine, Le Monde a annoncé que les offres des deux groupes intéressés par la reprise étaient évaluées entre 80 et 120 millions d'euros. Les dettes du quotidien s'élèveraient à 94 millions d'euros, selon une source.

Il reste maintenant une autre décision à prendre par la Société des rédacteurs du journal, en septembre cette fois: celle sur la perte de contrôle du journal par les journalistes.