Les villes de banlieue ont plus que récupéré les emplois perdus au cours de la récession, mais, dans l'île de Montréal, seulement 50% des emplois perdus ont été retrouvés.

Ce retard s'explique en grande partie par l'industrie du tourisme, très importante à Montréal, qui a été très affectée par la récession, a expliqué hier Michel Leblanc, président et chef de la direction de la chambre de commerce du Montréal métropolitain.

Dans le portrait de l'économie locale qu'il a tracé hier à l'invitation de la Banque de Montréal, M. Leblanc a souligné que 125% des emplois perdus dans les couronnes sud et nord de Montréal ont été récupérés. Autrement dit, le niveau d'emploi en banlieue est actuellement 25% supérieur à ce qu'il était avant la récession. Montréal, pour sa part, n'a récupéré que 50% des emplois perdus pendant la récession.

Mais le rattrapage se poursuit et le début de la saison touristique est prometteur, selon lui. «Avec le retour de la F1 et des congrès comme celui du Rotary International (20 000 visiteurs sont actuellement réunis au Palais des congrès), la saison s'annonce bonne», a dit M. Leblanc.

Le président de la chambre de commerce est d'avis que les emplois créés en banlieue ne sont pas nécessairement des emplois perdus par Montréal. «Les banlieues ont des besoins croissants et les entreprises s'y installent pour satisfaire ces besoins», a-t-il dit en donnant l'exemple du Quartier DIX30, à Brossard, qui regroupe des magasins, mais aussi des cinémas, des restaurants et une salle de spectacle. «C'est un pôle de développement», a-t-il illustré.

Même si l'économie de Montréal n'est pas encore complètement remise, la récession ne l'a pas frappée aussi durement qu'ailleurs, a rappelé Michel Leblanc. «Pour la première fois en 22 ans, le taux de chômage à Montréal est inférieur à celui de Toronto», a-t-il dit.

Ça pourrait ne pas durer longtemps, avec le rétablissement de l'industrie automobile en Ontario et la fermeture annoncée de la raffinerie de Shell au Québec.

Selon Maurice Marchon, professeur d'économie à HEC Montréal, le gouvernement devrait se garder d'engloutir des fonds publics dans l'industrie du raffinage. «Les raffineries, c'est fini», a-t-il dit, en s'attirant un regard stupéfait du président de la chambre de commerce de Montréal qui, elle, se bat pour sauver la raffinerie.

Le professeur estime que l'avenir n'est pas dans les activités traditionnelles, que ce soit l'automobile ou le raffinage de pétrole, mais dans l'innovation. Le Canada et le Québec profiteront du cycle de croissance qui s'amorce, selon lui, même si l'économie américaine prend plus de temps à se rétablir.

«Il n'y aura pas de hausse des taux d'intérêt aux États-Unis avant le fin de 2011», prévoit Maurice Marchon, à cause de la faiblesse de l'économie. La Banque du Canada, par contre, doit continuer d'augmenter son taux de référence, et l'écart entre les taux canadiens et américains pourrait atteindre 2%, avance-t-il.

Quant au dollar, soutenu par les prix des matières premières, «il devrait graviter autour de la parité pendant la durée du cycle», selon le professeur.

Les PME du Québec devront donc s'habituer à un dollar fort. Ça n'a pas seulement des mauvais côtés, a souligné de son côté Victor Pellegrino, vice-président, services aux entreprises, de la Banque de Montréal.

Avec un dollar fort, les PME québécoises peuvent en profiter pour investir dans la technologie afin d'augmenter leur productivité. Les PME souffrent d'un retard de productivité chronique, a-t-il rappelé.

Moins touchées par la récession, les PME québécoises sont bien placées pour profiter rapidement de la croissance, estime le vice-président de la Banque de Montréal, qui constate que les demandes de prêts des entreprises sont en augmentation.

Le Québec se relève

"2,9%

Croissance annuelle prévue de l'économie québécoise au cours des deux prochaines années.

9%

Le taux de chômage du Québec, à l'exception d'un mois, est resté inférieur à 9% depuis la récession de 2009 et est maintenant régulièrement inférieur au taux canadien.

1,4%

Part du déficit du gouvernement du Québec par rapport à la taille de l'économie.