Votre employeur vous offre de l'aide pour cesser de fumer? Il organise des parties de balle-molle entre employés? Il vient, ô coup de chance, d'aménager un gymnase au bureau? Sautez-lui au cou et remerciez-le. Car il fait partie d'une espèce de plus en plus rare.

Faisant fi du fameux dicton «mieux vaut prévenir que guérir», les employeurs sont de plus en plus nombreux à sabrer leurs programmes de bien-être au travail, montre un sondage réalisé pour le compte de la pharmaceutique Sanofi-Aventis. Le hic, c'est qu'ils risquent de le payer cher en productivité perdue... et en coût de soins de santé.

«Oui, les programmes engendrent des coûts, mais ce sont souvent des choses qui ne coûtent pas une fortune. Et ils font en sorte que les gens vont être moins malades, plus enthousiastes, plus productifs au travail», dit M. Jacques L'Espérance, président de J. L'Espérance Actuariat Conseil.

M. L'Espérance fait partie du comité consultatif mis sur pied par Sanofi-Aventis pour scruter l'état des régimes collectifs de santé au pays. Leur sondage montre qu'en 2004, 43% des participants à ces régimes disaient bénéficier en plus d'un programme de mieux-être au travail. L'an dernier, ils n'étaient plus que 29%.

Impossible de prouver hors de tout doute qu'investir dans un programme de mieux-être permet de réduire les sommes qu'un employeur déboursera à l'autre bout en coûts de médicaments et en congé de maladies.

«Le bon sens nous dit que ça va modérer la croissance des coûts des régimes collectifs», dit cependant M. L'Espérance.

Des employés stressés

De tels programmes apparaissent d'autant plus cruciaux que les participants aux régimes collectifs de santé ne semblent pas dans la meilleure des formes. Près des deux tiers des participants interrogés disent souffrir davantage de stress, de fatigue ou d'insomnie que l'an dernier, et 33% ont même envisagé de prendre un congé pour ces raisons.

Qu'est-ce qui ronge donc les nerfs des employés? M. L'Espérance se dit surpris par la proportion extrêmement élevée de ceux qui désignent le boulot (45%) comme cause de leurs tourments, loin devant les soucis personnels (22%), financiers (20%) ou médicaux (19%).

«Ça lance certainement un message aux employeurs de faire attention à ça. Et s'il y a moyen de changer des choses, de les changer», dit l'expert.

Cela étant dit, il y a peut-être une raison expliquant le déclin des programmes de bien-être au travail: les employés les boudent. Si 52% des répondants y participaient en 2004, ils n'étaient plus que 35% en 2008. La proportion a grimpé à 39% l'an dernier, peut-être parce que les régimes les moins populaires ont carrément disparu.

«Si j'étais un employeur, que je mettais de l'argent là-dedans et que je voyais qu'il n'y a que 30% des gens qui l'utilisent, je me dirais peut-être que ça ne vaut pas la peine...» dit M. L'Espérance, qui souligne cependant qu'il aurait été préférable d'adapter les programmes de bien-être plutôt que de les abandonner.

Le sondage montre que si les grandes entreprises sont plus susceptibles d'offrir des programmes de bien-être, la participation est meilleure dans les petites.

Le sondage montre par ailleurs que 59% des employés jugent que leur régime collectif de soins de santé est excellent ou très bon, et 77% disent en apprécier davantage l'importance à cause du contexte économique difficile. Le remboursement des médicaments et les soins dentaires sont les éléments les plus appréciés des régimes.

 

LES RÉGIMES COLLECTIFS DE SOINS DE SANTÉ

29%

Participants qui affirment avoir accès à un programme de mieux-être au travail, contre 43% en 2004.

63%

Employés qui disent souffrir davantage de stress, de fatigue et d'insomnie que l'an dernier.

33%

Participants qui ont envisagé de prendre un congé autorisé pour cause de stress, de fatigue ou d'insomnie.